mardi 27 mai 2014

Comment peut naitre l'Espérance dans le sacrifice d'une âme innocente sur l'autel de l'Amour du Père?

J'ai appris une triste nouvelle aujourd'hui et j'ai cherché un endroit pour me recueillir, j'ai choisi ici si ça ne t'embête pas, car ici je me sens libre d'exprimer ce que je ressens.
Je voudrais rendre un hommage à une jeune personne, partie trop jeune, emportée par la maladie, une de "mes petits protégés", pour qui je dois rester vigilant dans mon travail, mais qu'inévitablement je porte aussi dans mes prières et dans mon coeur.
J'ai été très affecté par cette nouvelle, et pourtant ma Foi me porte à espérer. J'entends souvent les gens dire "si Dieu existait, il ne laisserai pas ces choses se produire". Et pourtant je sais que non seulement Dieu existe, mais que si ces choses arrivent c'est que cela fait partie du plan de Dieu...
Alors pourquoi ? Je ne peux trouver d'autres sources de réponses que l'Amour lui même, cet Amour infini de Dieu pour ses enfants, tous ses enfants.
Dans "l'Evangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta, j'ai retenu une leçon : Dieu destine certaines âmes à une action co-rédemptrice. Ainsi l'innocence offerte sur l'autel de l'Amour du Père participe à l’œuvre du Salut et chacune de ces pertes apparente, est finalement un gain pour tous.
Cela n'a bien sûr de sens que si la Vie est bien, comme nous l'a confirmé le Christ, éphémère en comparaison de celle qui nous attends à ses côtés.
Seule une grande Foi et une Espérance soutenue par la grâce peuvent nous ouvrir cette perspective, mais lorsqu'elle est ouverte, le Père nous invite à contempler son œuvre d'Amour : chacune de ces âmes brillera au ciel comme une étoile au firmament, un joyau sur la couronne de la pureté, un délice pour le Très - Haut.
A cette étoile viendra se joindre celle des parents qui auront su, rester patients dans la douleur et continuer à aimer le Père dans l'espérance des retrouvailles.
Non la souffrance consentie avec Amour n'est pas vaine, chaque larme versée sera recueillie par un Ange et posée comme une offrande d'Amour devant le Créateur, en réparation des offenses innombrables faites au trois fois Saint.
L'Amour; est si précieux qu'il ne laisse aucune place à l'absurdité : "chacun des tes cheveux son comptés".
Et pour nous confirmer dans notre Foi, le Christ s'est offert lui même en sacrifice, et de ce sacrifice surgit le Salut.

"Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés"
Adieu Alison, entre dans la Joie de ton Maître.

9 commentaires:

  1. Tout d'abord, permets moi de te dire que je suis heureux que tu aies trouvé cet espace accueillant pour exprimer ton ressenti suite à cette triste disparition.

    J'ai d'abord été tenté de rester silencieux en pensant que ce n'était pas peut-être pas le moment d'engager une réflexion. Puis je me suis dit qu'au contraire il s'agissait d'entretenir la flamme et d'honorer la disparue en l'accompagnant par la pensée, en tentant en somme de nous élever, en quête de vérité.

    Il est clair que notre besoin de cohérence rend bien difficile le constat de la souffrance enfantine, la souffrance de l'innocent.
    Comment en faire sens ?

    La difficulté réside avant tout, je crois, dans cette supposée innocence.

    S'il n'y avait pas innocence alors la mort pourrait être vue comme tout à la fois logique et juste comme lorsqu'elle intervient au terme d'une vie humaine longue et bien remplie et donc, forcément, replète de mille excès qui nous ont usé et qui rendent "légitime" et parfois désirable de s'éteindre, comme lorsque l'on s'endort épuisé.

    Peut être est-ce déjà une hérésie que de le penser mais il me semble que si l'âme incarnée dans l'enfant avait déjà une histoire, alors la mort de l'enfant serait plus acceptable.

    Elle serait alors de l'ordre du destin, elle aurait une nécessité. Sa souffrance pourrait être comprise comme une forme de "purgatoire" accompli sur Terre.

    J'espère ne pas te heurter par ces considérations que je pense peu orthodoxes mais que je ne m'interdis pas car, dans ma grande ignorance sans doute, je ne vois pas de contradiction avec les Evangiles tels que je les ai compris.

    Disons que, a priori, mon penchant naturel est celui du fatalisme, l'acceptation du destin en même temps que l'absolue conviction que tout a du sens, y compris la mort d'un enfant.

    L'interprétation sacrificielle que tu évoques me convient parfaitement. Aucune souffrance n'est vaine. Elle porte en soi une rédemption dès lors qu'en effet elle est consentie, acceptée, sinon voulue.

    Se pourrait-il imaginer qu'un enfant ait à se racheter ?
    Si on refuse cette possibilité alors, forcément, en tant qu'innocent, il incarne une merveilleuse mais troublante "figura Christi"

    Je ne sais pourquoi, j'ai l'intime conviction que le sacrifice du Christ nous a sauvé, il nous a racheté et que, partant, il n'a pas besoin d'être réitéré.

    Les sacrifices qui nous sont demandés sont des sacrifices minuscules comparé au sien même s'ils nous paraissent épouvantables quand vient pour nous le moment de mourir à toutes ces choses auxquelles nous sommes attachés.

    Mais bon, je ne veux pas me perdre en conjectures.
    Je vais donc m'en tenir là en espérant que l'enfant disparue a fini son voyage et qu'elle se tient près de la Lumière, près du Christ et de sa bonne Mère.

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  2. D'abord je tiens à te remercier pour ton intervention, car pour moi c'est surtout l'échange qui me paraît le plus important, avec l'idée qu'à travers ce blog, je m'oblige à aller plus loin que le ressenti, cela m'oblige à essayer de conceptualiser ce que je vis, et ensuite d'argumenter. Exercice qui n'est pas si simple mais très utile pour moi je crois.
    J'entends bien le besoin de donner du sens à la souffrance de l'innocent (que je ne considère pas comme immaculé, mais bien innocent des péchés qui avilissent l'Homme, le réduisent en esclavage - le propre de l'enfance innocente c'est bien de s’émerveiller de tout...). Par contre, au prix d'un long combat que j'ai du mener contre moi-même, j'ai du renoncer à l'idée que l'âme ait pu déjà avoir une histoire, si ce n'est celle enfouie profondément, de l'instant de sa création, où elle a vu le Père et où tout le long de la vie, elle va aspirer à retrouver cette état.
    Et au risque d'être en contradiction avec toi, je dirai qu'au delà de l'enseignement des évangiles, je pense que la raison même pour laquelle les âmes ne peuvent avoir une "histoire" est bien dans l'idée même du sauveur et de son sacrifice : il a payé au prix de son sang celui du salut des âmes. Si l'âme avait reçu ce "pouvoir" de "purger" sa peine, on n'aurait pas à mon sens, besoin du Christ.
    Ainsi la souffrance n'est pas le juste prix à payer pour nos fautes (même si elle peut l'être) mais elle est plutôt une conséquence temporelle de la Faute, et elle s'exprime selon "la forme de l'âme", de façon diverse, compte tenue de la diversité des âmes dont seul Dieu à la vision claire. Ainsi trouve t-on les maladies, les handicaps, les souffrances psychiques, qui ne sont pas imputables à la faute coupable de l'âme, mais des conséquences temporelles de la Faute. Heureuse l'âme qui aura su aimer en supportant avec patience ces souffrances...
    De fait je considère alors que notre destin à tous est unique : retourner dans notre patrie, le Ciel.
    C'est pour ces raisons que je parlais de co-redemption : même si effectivement le sacrifice du Christ est unique et définitif, ce sacrifice je pense se déroule dans une dimension non temporelle, car il rachète les péchés "passé, présents et futur". Ainsi dans le mystère de l'Amour de Dieu pour l'Humanité, il me parait plausible que Dieu ait pu inviter des âmes, dans leur mission temporelle, à souffrir avec patience, comme le Christ, dans leur corps, leur esprit, en étant innocentes de fautes qui auraient pu conduire à cette souffrance, mais dont le bénéfice (non temporel) est offert au Père pour l’œuvre du Salut.
    Des exemples flagrants qui me viennent à l'esprit : Marthe Robin - Maximilien Kolbe : histoires extraordinaires, d'âmes ordinaires avec leur créateur et sauveur.
    A méditer, que Dieu nous amène un jour à comprendre ces vies "offertes sur l'autel de l'Amour du Père".

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  3. Ne me remercie pas. Il n'y a pas de quoi, comme on dit.
    Je me réjouis de constater que je ne t'ai pas paru trop hétérodoxe même si nos représentations divergent.
    Nous voilà face à la forêt touffue des interprétations dans laquelle il est bien difficile d'avoir des certitudes, voire seulement des convictions.
    Quoi qu'il en soit, nous ne devons pas avoir des contradictions qui pourront apparaître, elles sont inévitables, elles sont nécessaires.
    N'hésite à aucun moment à me contredire et même à être insistant s'il te semble que je reste sourd à ce que tu me dis.
    Le plus grand service qu'on puisse me rendre c'est de me montrer que je me trompe ici et là...
    C'est pour moi le principe cardinal de l'échange, à défaut duquel, je pense, l'essentiel serait perdu.
    J'espère que tu n'es pas trop éloigné de ce point de vue. J'avoue être facilement porté à la controverse. Je suis un méditerrannéen ;-)

    Plusieurs points me pose question.
    Je ne comprends pas que tu aies des réserves concernant la "purge". Le purgatoire n'est-il pas le lieu de la purge ?
    N'avons-nous pas besoin de ce temps de pénitence alors même que, comme tu le dis si bien, le Christ nous a sauvés ?
    Je pense qu'il y a là deux plans indépendants.

    Bon, je m'en tiens là pour ce soir car, mes paupières tombent et je ne risque de ne pas être très cohérent pour la suite alors qu'il me faudra l'être.
    A très bientôt...

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  4. Alors je vais être assez bref aussi pour cette fois : je prends note de tes remarques et je n'hésiterai pas à te contredire avec insistance si j'en ressens le besoin :) - on est dans une bienveillante tentative des correction fraternelle mutuelle, ou du moins on peut essayer de s'inscrire dans cet esprit.
    Il est possible aussi que je me sois mal exprimé dans mon intervention précédente ce qui a pu donne lieu à une légère incompréhension.
    Déjà saches que je ne te trouve pas plus hétérodoxe que ça : j'ai moi même emprunté certains sentiers que j'ai aujourd'hui délaissé (à la grâce de Dieu), dans ma recherche passionnée de Vérité. Le tout est de toujours garder cette soif de Vérité et ne pas hésiter à se laisser guider par le Bon Dieu, il n'est pas sourd à nos prières, tout en gardant à l'esprit que la Vérité n'est pas quelque chose que notre entendement va appréhender, elle est le Christ, le Verbe de Dieu fait Chair. Ainsi l'Amour du Christ est Amour de la Vérité entière qui va permettre à cette Vérité de se diffuser subtilement dans l'être, la Vérité se reçoit et c'est elle qui nous change. On ne peut la saisir, ni la changer...
    Parlons de mes réserves concernant la "purge", elles ne portent pas sur la purge elle même j'adhère pleinement à l'idée du purgatoire.
    Je voulais seulement séparer la souffrance de l'expiation. L'expiation implique la souffrance, mais elle implique aussi la culpabilité.
    Par contre la souffrance dont je parlais, celle de l'innocent peut occurer alors même qu'il n'y aurait "rien" (pas de faute coupable) à expier.

    Cette dernière ne va pas à mon sens être une purge, au sens où l'entends tous : la purge de ses propres fautes, mais plutôt un sacrifice de réparation.
    C'est un mystère encore bien opaque pour moi au final, mais j'entrevois par l'entremise de certains grands saints, (je pense notamment à Thérèse de Lisieux) le rôle central de la souffrance acceptée avec patience et offerte avec Amour au Père dans l'histoire du Salut. C'est l'imitation de Jésus-Christ poussée à l'Héroïsme, et dont le fruit est très fécond...
    Cependant, je te concède que dans l'otique de l'expiation de la faute coupable, celle-ci peut nous être demandée dans notre phase temporelle, afin de nous aider dans notre formation ou pour toute autre raison que le Père aura jugée nécessaire.
    Mais en ce qui concerne la Faute (le péché originel), nous sommes tous concernés et celle-ci nous marque et va avoir des conséquences temporelles qui nous sont parfois incompréhensibles, difficiles à accepter (la mort des innocents...) - c'est effectivement sur 2 plans indépendants que j'avais essayé de situer les choses : la Faute et les fautes ainsi que souffrance et expiation.
    Je ne sais pas si ça a éclairci des choses, mais je reviendrai dessus plus longtemps une prochaine fois.

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  5. Quelle surprise ! Tu as vite réagi. Aurais-tu reçu l'info de suivi ? Je ne reçois rien pour ma part.
    Je venais juste faire un petit addendum clin d'oeil pour te dire que j'ai acheté le bouquin de l'historien récemment disparu, Jacques Le Goff : "la Naissance du Purgatoire" dans lequel il relate son "invention" progressive avec tournant décisif vers la fin du XIIe siècle, à Paris, à Notre Dame exactement. La chose m'intéresse car c'est lié à la prise de pouvoir de "la Bête", la finance. Il s'agissait en fait de rendre "acceptable" le statut de prêteur à intérêt. Au lieu de l'enfer, on put alors leur promettre le purgatoire et favoriser ainsi l'économie...
    Tout ça paraît tellement étonnant, je veux comprendre. Donc je vais lire ce livre. Je t'en parlerai si je fais des découvertes.

    Concernant ta mise au point, je pense que j'ai bien perçu ton point de vue et je suis d'accord a priori mais pourtant je vois que j'ai de la difficulté à écrire que la souffrance n'a pas de lien nécessaire avec la culpabilité. Il me semble que ce lien existe dès lors que la culpabilité peut aussi être celle de l'autre comme le montre bien l'exemple du Christ.
    Par ailleurs, la souffrance est un phénomène psychologique très complexe et très subtil parce que très subjectif. N'oublions pas qu'il existe des masochistes !
    Mais bon, nous n'allons pas investiguer le sujet à présent. Surtout pas maintenant car l'heure tourne ;-). Je dirais donc pour conclure qu'une chose paraît sûre : le chemin que nous a ouvert le Christ est celui de l'acceptation non violente de la souffrance et de l'injustice (et non la recherche de l'une ou de l'autre, vu qu'il demandait au Père d'éloigner ce calice si possible). La loi supérieure ici mise en acte est celle de l'absence de réplique violente, le refus absolu de la position de victime qui se croit en position légitime de répondre à la violence par la violence.
    Mais bon je m'éloigne du sujet de la souffrance. J'y reviens bientôt...

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  6. En fait je suis passé par hasard et j'ai vu que tu avais posté :)
    La question du purgatoire a déjà fait couler beaucoup d'encre et continuera certainement... Pour ma part j'essaie de me contenter de rester "petit" face à des choses qui au final me dépassent, mais je dirais que mon expérience et ma foi me pousse à y croire et a y attacher une importance particulière.
    En l'absence de certitude, j'aurai tendance à poser ma réflexion "à l'envers" : si les gens ne croient pas au purgatoire, "à qui profite le crime" ... et là je dirais que de mon point de vue c'est assez net.
    s'il n'y a pas de purgatoire, quand advient la mort, tout le monde au même tarif : jugement puis tri c'est l'enfer ou le paradis. Mais le paradis étant la présence immédiate de Dieu et de son infinie pureté : je me demande qui meurt "en habits de cérémonie" or si au moment de la mort l'âme se trouve tachée par quelque faute liée à la misère humaine, acceptera t-elle de se tenir en présence de l'éternel dans cet état ? j'en doute - surement elle réclamera elle même à Dieu le temps de se "refaire une beauté" avant de pouvoir jouir de sa présence. Le purgatoire, je le conçois une fois de plus comme un acte d'amour libre de l'âme qui aura rencontré son créateur (le jugement personnel) et qui aura la pudeur de lui demander une ultime faveur avant les "épousailles" être pure pour ce "mariage"...
    Ainsi, si le purgatoire n'existe pas, personne ne prie pour toutes ces âmes qui souffrent dans ce "feu purificateur" et personne n'encourage cet effort ultime, ce geste d'amour pudique. Et ce malheur profite à l'ennemi car par les temps qui courent, j'ai bien peur que rares sont les âmes qui entreront directement dans la béatitude divine. Nos frères et sœurs qui souffrent en ce feu sont surement des milliards...
    De plus si on en croit les récits de certains mystiques, et même la vierge Marie dans ses apparitions, il faut prier pour les âmes du purgatoires, Padre Pio lui même exhortait les gens à le faire. Personnellement, il ne m'en faut pas plus, économiser cette réflexion m'aide à me focaliser sur "ici et maintenant"...

    Je suis bien content de voir qu'après les tours et détours de nos réflexions, on se rejoigne finalement sur cette belle conclusion que tu as faite : j'accepte sans effort l'idée que la culpabilité peut être celle de l'autre, mais si la culpabilité de l'autre ne nous est pas imputable, je justifie 2 origines de la souffrance : expiation et sacrifice de réparation : on est d'accord de "payer pour les autres" d'où l'idée de co-rédemption...
    J'adhère aussi à l'idée de grande subjectivité de la souffrance (psychique tout au moins) : que je conçois bien comme décalage entre réalité perçue et réalité vécue : si j'accepte tout ce qui m'arrive sans préférer que ce soit autre chose qui m'arrive, je ne souffre pas, et à l'opposé, plus la réalité vécue s'éloigne de mes "aspirations", plus je souffre...
    Et oui, un grand oui, ce qui va dans le sens de la divinité du Christ, c'est cet amour qui n'est vraiment pas humain et qui ouvre sur cette loi supérieure : "aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent", je ne crois pas que ces choses existent dans les autres religions...

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  7. Je suis bien d'accord que l'existence d'un purgatoire est bien plus satisfaisante pour l'esprit en cela qu'elle permet d'envisager une transformation, évolution, maturation ou un développement de l'être, bref toutes choses dont nous avons de la difficulté à concevoir l'absence, d'abord en raison de la fixité et donc de la prédétermination que cela supposerait. Mon questionnement va surtout ici vers l'origine singulière de l'invention du purgatoire puisqu'il semblerait que l'Eglise y soit venu principalement dans l'idée de ne pas vouer aux gémonies les prêteurs d'argent qui apparaissaient déjà indispensable à l'économie donc au bien-être des hommes. Je lis en ce moment le livre de Le Goff "L'invention du purgatoire", je t'en donnerai des nouvelles...
    Pour le reste, je vois que nous sommes d'accord, tant sur la souffrance, (sur laquelle je vais revenir dans un post à par) que sur l'acte christique de prise sur soi de la culpabilité, que je crois en effet spécifique au message évangélique. Je reviendrai aussi certainement sur cette question importantissime sous le rapport de la paix.

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  8. Tu restes toujours très rationnel dans ton approche, c'est un filtre important qui nous mets dans la grande majorité des cas à l'abri des égarements, cependant il me semble que parfois le rationnel peut nous faire passer à côté de choses importantes. N'y voit aucun reproche, plutôt une "invitation au voyage" :)
    Je t'invite une fois de plus à aller lire l'entretien de Seraphim de Sarov avec Motovilov, c'est un texte très court en considération de l'immense richesse qu'il renferme... Tout cela m'amène à dire que lorsque l'Esprit Saint visite l'âme, il va l'éclairer de l'intérieur. Or l'Esprit Saint est aussi Esprit de Sagesse et d'Intelligence, de fait certaines "connaissances" peuvent être insufflées à l'âme qu'il visite, une lumière nouvelle va l'éclairer de l'intérieur et du coup, se révèlent à nous des choses que l'on savait présentes, mais que nous étions incapables de voir... Et cela est le fait uniquement de la grâce divine, nous sommes définitivement bien peu de choses.
    Je crois que le Purgatoire à été révélé plus subtilement et plus progressivement dans l'Histoire chrétienne, mais je ne pourrais le considérer comme une invention. Je crois juste que comme son existence n'est que provisoire (disparition après le jugement dernier), elle n'en devient pas essentielle à la compréhension de "la Bonne Nouvelle" et ne complète en rien les enseignement du Christ. Ainsi, on pourrait dire tout au plus : l'Esprit qui a guidé les apôtres n'a peut - être pas jugé nécessaire d'en faire un enseignement. Mais cela ne signifie en aucune manière que le Christ n'en ait pas parlé, car bien souvent on oublie que "s'il fallait mettre par écrit tout ce qu'il a fait /dit, le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l'on écrirait ainsi". Peut être que ces enseignements, comme de nombreux autres ont suivi la tradition orale tout simplement?
    Par contre, je ne pense pas que le purgatoire soit à envisager comme un lieu où l'évolution, transformation etc soient encore possible, ce serait un lieu d'expiation uniquement, les autres choses sont à faire pendant la vie, lorsque la mort advient, ce n'est plus possible...

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  9. Je ne suis pas sûr d'être toujours très rationnel mais en tout cas j'ai assez de raison pour ne pas m'attacher toujours à la rationalité ;-) qui est loin de nous donner accès à tout ce qu'il importe de voir et de croire.
    Pour autant, je pense qu'elle ne "mange pas de pain" et que pour tout ce qui peut se comprendre de manière satisfaisante sur un mode rationnel, il n'y a pas de nécessité d'invoquer l'irrationnel.
    Par contre, il est très clair que vu tout ce qui nous entoure et qui déborde la seule rationalité, il serait fou de rester exclusivement attaché à celle-ci. La foi me paraît une nécessité logique, la conséquence incontournable d'une pensée consciente d'être parvenue au terme de ses possibilités et qui sait devoir consentir à un au-delà de la rationalité.
    J'ai relu Seraphim sur les vierges sages et folles. ça fait sens pour moi. J'y retrouve quelque chose de la critique des pharisiens. La critique de la posture du satisfait, de celui qui pense accomplir son devoir et croit ainsi échapper à la dette originelle, celle qui, en tout logique de l'échange, doit l'amener à une reconnaissance et donc une gratitude éternelle vis-à-vis du Créateur, ce dernier ne pouvant dès lors quitter son esprit et l'obligeant donc à se situer toujours dans la verticale. Les vierges folles sont folles d'avoir pensé pouvoir se tenir dans une équation horizontale, mondaine, dans laquelle on se contente de faire bien au milieu de réalités terrestres quand il conviendrait de toujours consacrer son action à l'élan vertical vers le Ciel.

    Pour ce qui est du Purgatoire, je ne vois pas comment il se pourrait que l'expiation soit seulement un "compte à régler". Je serais porté à penser que la sanction est toujours éducative, qu'elle transforme donc. Mais j'ai conscience qu'il s'agit juste d'un schéma plaisant à l'esprit que je transpose sans m'être vraiment informé sur la nature du Purgatoire telle que conçue depuis son "invention". Je laisse donc cela à l'état d'hypothèse a priori et je verrai bien si elle résiste à l'épreuve des "faits". Je te dirai ce qui ressortira de mes lectures sur le sujet. A très bientôt.

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