Quelques mots sur l'article précédent.
Il est loin de me satisfaire mais c'est la première étape d'un cheminement annoncé depuis pas mal de temps que je vais tenter d'esquisser à présent car rien ne vaut une vue d'ensemble.
Ce à quoi je voudrais arriver c'est grosso modo ceci : la prière ne peut limiter à une litanie, une récitation que l'on accomplit pour satisfaire à des obligations. Si je ne me trompe, ce serait du pharisianisme.
La prière n'accède à sa plénitude de sens (et on ne saurait viser rien moins que cela) que si on a l'esprit tourné vers une réalité et non une image, une représentation, un symbole, cad, quoi que ce soit qui ferait seulement signe vers une "idée" et qui donc supposerait une distance.
C'est, je crois, précisément pour cette raison qu'il nous est généralement recommandé de nous "mettre en présence" de l'Etre à qui nous adressons notre prière.
Mon objectif est simplement d'aider à comprendre l'importance de cette recommandation, cad, l'importance qu'il y a à vivre sa prière dans un sentiment intégral ou absolu de vivre ou d'être dans la réalité qui s'y dit et de ne surtout pas rester dans la schizophrénie que peut si facilement induire le monde sécularisé par le scientisme antireligieux dans lequel nous vivons.
Il y a certes à distinguer le Ciel et la Terre mais nous ne sommes pas pour autant ici-bas dans une réalité que la Science pourrait régenter en laissant les croyants se contenter d'une métaphysique qui ne pourrait être que personnelle.
Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas deux ordres de réalité.
La Science n'a en fait rien à dire de l'Au-delà à part qu'elle a fait le choix de ne pas s'y intéresser.
Partant, nous croyants avons à résister à la tentation de suivre l'air du temps et donc à nous efforcer de tenir le Ciel et la Terre ré-unis dans une seule et même réalité, celle que précisément la prière peut nous aider à rendre plus présente.
Voilà donc le but de ma démarche actuelle : éclairer l'enjeu qui peut se formuler comme "vivre dans la réalité ou vivre dans la fiction du temps présent".
La prière est la voie royale pour nous ramener à la réalité, mais encore faut-il en faire le choix délibéré et conscient. Aucun suivisme, aucun conformisme, aucun "ritualisme" ne peut ici faire l'affaire.
C'est tout notre être qui doit se trouver engagé lorsque nous sommes en prière. Un peu comme lorsque nous nous trouvons tout à coup face à un serpent prêt à mordre. Il n'y plus aucune distance, la réalité est là et nous saisit complètement.
Par contre, lorsque confortablement installé dans un canapé, nous contemplons une photo du même serpent, la réalité n'est plus aussi présente. L'image, le symbole, nous permettent de l'évoquer, ils nous relient à elle mais le fait est aussi qu'ils se tiennent entre elle et nous. Comme la meilleure et la pire des choses, ils peuvent aider mais aussi faire obstacle à sa présence.
Est-il possible de définir ce qui caractérise l'état de "présence" à la réalité ? Je le crois.
Bien sûr, je pense seulement ici à la disposition psychologique de celui qui prie. Je ne saurais avant longtemps me risquer à la théologie :-).
C'est, quoi qu'il en soit ce vers quoi j'ai l'intention d'aller dans les posts à suivre...
Réflexions d'un psychologue sur la prière. Pas des références, seulement une recherche.
samedi 21 décembre 2013
samedi 14 décembre 2013
La réalité, on y croit !
Comme des poissons dans l’eau, nous baignons dans les représentations collectives du temps présent. Nous les absorbons sans y penser et il nous semble tout naturel de penser que ce qui est du domaine de la foi n’est pas de l’ordre de cette réalité dont la science prétend nous dire le fin mot. *
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Rien n’est plus mensonger et pourtant c’est ce qui se dit et même s’enseigne ici et là comme une conquête majeure de l’esprit humain : le dépassement de la croyance par l’accès au savoir et à la connaissance.
Il y a dans ce discours une prodigieuse naïveté qui consiste à croire que le dépassement de l’imperfection et de la subjectivité des points de vue individuels par la méthode scientifique permettrait, très officiellement, de « toucher au réel » et de nous donner ainsi accès à des connaissances patentées, objectivées, vis-à-vis desquelles nous serions dans une relation de savoir et non de croyance.
Il faut y insister : ceci n’est qu’une croyance, non un savoir. Il n’existe aucune démonstration scientifique de la chose. Tout au contraire la philosophie de la connaissance amène à l’idée que la réalité ultime conçue comme étant au-delà de l’apparence ne peut pas être atteinte par ceux qui, précisément, n’ont accès qu’aux phénomènes.
N’étant pas dans « l’œil de Dieu », nous ne pouvons prétendre « toucher au réel » et détenir un quelconque savoir qui serait une représentation vraie de la réalité. Par conséquent, nous ne pouvons avoir que des croyances. Le fait que certaines d’entre elles — parce qu’elles sont collectives et méthodiques, c’est-à-dire, issues de la pratique scientifique — nous apparaissent plus valables que d’autres ne change rien à l’affaire.
Ce que nous appelons le « savoir » n’est, en dernière instance, que l’objet d’une croyance collective en la validité des données, représentations et modèles auxquels se réfèrent actuellement les scientifiques. L’efficacité apparente de ces représentations et modèles ne constitue pas la preuve logique ou nécessaire de leur vérité : nous ne pouvons venir à cette idée que par induction ou abduction mais pas par déduction. Dès lors c’est seulement par un raccourci de pensée que nous sommes portés à croire en (la validité de) ces modèles et ces représentations. Epistémologiquement, c’est une attitude complètement illégitime. Humainement, c’est la chose la plus naturelle du monde.
En somme, la réalité à laquelle nous croyons accéder grâce à la science est une construction sociale opérée par une communauté de chercheurs à une époque donnée, la nôtre. De sorte que l’effort présomptueux visant à dépasser la simple croyance pour accéder au savoir nous oblige, de façon assez schizophrénique, à fermer les yeux sur le fait que dans un mois, un an ou un siècle nous aurons remplacé la représentation actuelle à laquelle nous nous accrochons par une autre, plus... crédible :-). D’une certaine manière donc, nous ne voulons pas savoir que notre savoir n’est qu’une croyance du temps présent !
Comme nous l’a si bien fait comprendre le philosophe Karl Popper, les seules certitudes que la science nous offre, c’est la fausseté de telle ou telle conception après qu’elle ait été réfutée par l’expérience. Hormis cela, tout n’est qu’hypothèse plus ou moins bien corroborée mais jamais « prouvée ».
Songeons ainsi que nous ne savons toujours pas expliquer la gravitation. Nous avons certes des hypothèses, des modèles, nous pouvons étudier le phénomène avec une extraordinaire précision, mais nous n’avons pas mis le doigt sur sa cause.
Or, combien de scientifiques sont conscients de ce fait ? Combien pensent encore que la loi de Newton a réglé la question alors qu’à peine énoncée, des philosophes comme Locke savaient déjà pointer sa complète circularité ? L’idée d’attraction universelle n’explique rien en effet, elle n’est que le phénomène lui-même réifié en cause.
« Savoir » que les corps s’attirent en fonction de leur masse et du carré inverse de la distance est purement descriptif : le mécanisme nous échappe. Ceci illustre le fait qu’en matière de science, même si c’est désagréable à entendre, nous croyons savoir bien plus que nous ne savons car ce qui se peut désigner comme savoir ne saurait satisfaire nos attentes... d’explications.
Nous avons besoin de croire, c’est-à-dire, de nous penser en relation avec la réalité plutôt qu’avec l’illusion. Sous ce rapport, la science n’a fait que succéder à la religion : les scientistes sont les fidèles (ceux qui ont la foi) de la science : ils croient en la science, ils croient en la raison, ils croient ne pas croire, ils croient savoir, mais ils croient, quoi qu’il en soit, peu importe ce qu’ils prétendent « savoir ».
La position défendue ici est donc que croire en une réalité est un besoin tellement fondamental de l’humain qu’il fait feu de tout bois et se satisfait même volontiers des démarches qui pensent pourtant se tenir hors de l’espace de la croyance.
Le distinguo croyance / savoir est juste une coquetterie, une prétention illégitime qui se sert de la différence manifeste entre un point de vue individuel et un consensus scientifique pour donner accroire que ce dernier mène au-delà la croyance.
Encore une fois, cela n’est pas possible car vouloir connaître la réalité ne veut rien dire d’autre que vouloir croire en quelque chose, c’est-à-dire, chercher à sortir de l’incertitude, en finir avec le doute et, surtout, le sentiment d’insécurité qui l’accompagne.
La science est tout au plus une activité méthodique et collective de dégagement de ce qui vaut la peine d’être cru. Appeler cela un « savoir » c’est simplement jouer sur les mots : il s’agit toujours de quelque chose en quoi nous pouvons « croire ».
Pour le dire autrement et d’une manière qui semblera presque tautologique tellement cela paraît évident : ce en quoi nous ne pouvons pas croire n’a aucun intérêt. N’a de valeur que ce qui est « crédible ».
Le savoir, précisément est crédible, on peut y croire. Un savoir auquel on ne croit pas est sans valeur, il est vain et ce n’est donc pas un savoir à proprement parler.
La prétention de la science (tue par les scientifiques, assumées par les scientistes) est de nous dire ce en quoi nous devrions croire. Le scientifique, supposément désintéressé, est censé être le prêtre « digne de foi » de cette quasi-religion.
Sous ce rapport, il est très clair que Ron Hubbard, fondateur de l’Eglise de Scientologie, n’a rien inventé. Il n’a fait que baptiser et assumer un schéma toujours-déjà présent au cœur même de l’activité scientifique.
Les scientifiques en blouse blanche sont à l’opposé et donc tout à fait semblables aux prêtres en robe noire : les uns et les autres se retrouvent pareillement dans la posture consistant à pointer « la Réalité » pour satisfaire les attentes du bon peuple qui ne demande qu’à croire.
Trois points peuvent illustrer cette similitude entre science et religion.
Le dogmatisme des sciences et de leur enseignement
Nous ne le savons que trop, à l’instar des religieux, les scientifiques peuvent aussi faire preuve de dogmatisme.Si les chercheurs étaient seulement dans la quête de la vérité (supposément scientifique), ils se précipiteraient sur ce qui contredit leurs modèles, ils se hâteraient de reconnaître leurs erreurs, ils seraient heureux de voir leurs hypothèses et théories mises à mal ou à bas puisque ce serait pour eux le moyen d’apprendre quelque chose de nouveau.
Mais ceci est loin, très loin d’être le cas. De manière générale, les scientifiques défendent leurs conceptions mordicus et tentent donc, pour la plupart, d’en faire un dogme qui ne dit pas son nom, c’est-à-dire, quelque chose qui les rend sourds et aveugles aux verdicts de l’ « Expérience », quelque chose qu’ils renâclent à soumettre à la « Réalité », quelque chose qui, donc, en terme scientifique, relève de la croyance et non plus du savoir. CQFD.
Songeons au pauvre Wegener, géographe de son état, qui s’est fait recevoir comme un malpropre par la communauté des géologues. Ces derniers croyaient bien trop à leurs dogmes fixistes pour consentir à l’idée d’une dérive des continents. Après quarante années de traversée du désert, cette vérité méconnue autant que méprisée est enfin entrée dans la terre promise de la Science : le consensus. Elle est à présent tenue pour une réalité. C’est donc un savoir auquel nous pouvons (devons ?) croire ;-).
Ce dogmatisme est, comme le gaz, présent à tous les étages de la science et, en particulier, au rez-de-chaussée, dans les manuels scolaires, véritables missels de la doxa scientifique.
On nous dira que les « leçons de choses » ne visent pas tant l’acquisition de connaissances que l’éveil à la démarche expérimentale qui permet de développer l’indépendance d’esprit et la capacité de raisonnement et de réflexion critique. Si c’était le cas, pourquoi les scientifiques en herbe ne font-ils généralement que « reproduire » et donc mimer ce qui a déjà été fait ?
Ne sont-ils pas à l’école avant tout pour suivre les voies didactiques tracées pour eux et ne surtout pas poser des questions dérangeantes qui feraient apparaître les limites de la connaissance du « maître » et obligeraient ce dernier à sortir de la position dogmatique qu’il affectionne tant ? Qu’ils s’éloignent un tant soit peu de cette ligne de conduite et ils se feront vite rappeler à l’ordre !
Il en va de même en science et ce sera notre deuxième point...
La chasse aux dissidents
Le désir bien naturel des scientifiques étant de voir la position qu’ils défendent devenir dominante, il n’est pas rare qu’il soit à l’origine de tendances dogmatiques affirmées, en particulier, par un effort, parfois acharné pour affaiblir les opposants par tous les moyens à disposition et donc, bien au-delà du seul champ de l’argumentation.La chasse au dissidents est donc une activité coutumière en science : ceux qui ne croient pas dans la doctrine officielle — celle qui a « pignon sur rue » ET un accès privilégié aux financements publics ou privés — se retrouvent assez rapidement sans le sous et, carrément, mis au ban.
L’histoire des sciences regorge de chercheurs maudits dont les idées auraient mérité d’accéder au débat scientifique mais qui en ont été empêchés de toutes les manières possibles. C’est tellement banal, nous y sommes tellement habitués que nous peinons à saisir à quel point nous nous trouvons là en complète contradiction avec l’idée d’une rationalité scientifique adossée, par principe, à un débat qui se doit d’être contradictoire.
Cela nous ne le savons que trop et je ne m’y attarde donc pas. Les commentaires j’imagine (et je l’espère) fourmillerons d’exemples plus sidérants les uns que les autres [1]. Ce qui importe à présent, c’est de prendre la mesure de ce fait, c’est-à-dire... d’en faire sens et d’y croire, suffisamment pour en tirer les conséquences, dont la première est de reconnaître la nature dogmatique (donc basée sur la croyance) de la science telle qu’elle se pratique en général.
Stratégie de l’autruche
Le dernier point à considérer découle lui aussi de cette volonté de puissance et concerne le fait que la science, pour continuer à croire et faire croire en son pouvoir d’accès au réel, se garde bien d’aller regarder de trop près ce qui va la mettre en échec.On peut penser, d’une part, aux phénomènes dits surnaturels dont, pour certains, les constats abondent, sauf que pour LA science, bien sûr, il ne s’agit pas de preuves.
De mon point de vue, a) les phénomènes de conscience extracorporelle (avec cerveau sans activité, cliniquement mort ou simplement à distance ) comme b) les cadavres intacts, non putréfiés, de croyants, saints ou autres, dont des médecins ont pu attester constituent des exemples très convaincants.
Le fait que LA Science les ait fui comme la peste, de peur, peut-être, que le public ne soit porté à... y croire et prenne ainsi conscience de ses limites face à l’inexplicable me paraît, en soi, très probant de son caractère fondamentalement dogmatique et donc de la croyance qui s’y attache et que l’on entend préserver.
Malgré tout, des chercheurs, généralement à l’étranger, peuvent parfois s’intéresser à des phénomènes paranormaux, mais tout se passe comme si ils n’avaient, au final, d’autre choix que de conclure à leur inanité. Ne risquent-ils pas de passer pour des dissidents, des doux dingues, des « défroqués » de la Science ? Il n’est donc pas rare non plus qu’ils taisent purement et simplement leurs découvertes [2].
Didier van Cauwelaert qui a récemment publié un formidable Dictionnaire de l’Impossible voudrait penser que les choses sont en train de changer [3] et que la science « de l’impossible » va accéder à une sorte de reconnaissance officielle.
Pour ma part, je ne le crois pas. Même si ses livres peuvent sembler faire exception, la vulgarisation scientifique m’apparaît de plus en plus comme une propagande véhiculée par des médias adossés à des grands groupes ou des lobbies comme « Big Pharma », ceux-là même qui financent de plus en plus les recherches biaisées dont ils ont besoin. Il est vain d’espérer que la science marginale se retrouve dans les manuels scolaires ou seulement dans des émissions à caractère scientifique. C’est seulement les reportages à sensation qui les mettront sous les feux de la rampe. Mais cela restera du spectacle, pour longtemps encore.
D’autre part, toujours sous le rapport de la stratégie de l’autruche qu’adoptent en général les milieux scientifiques, on ne peut pas ne pas citer « L’illusion de la science » (The Science Delusion)[4] le récent ouvrage de Rupert Sheldrake dans lequel il évoque les quasi-mythes de la science que l’on a sacralisés. Prenant l’exemple ahurissant des fameuses « constantes universelles » de la physique, Sheldrake nous rappelle que rien n’est venu prouver leur nature de « constante » et qu’on peut parfaitement imaginer qu’elles soient variables au cours du temps et/ou de l’espace. Nous avons donc là un superbe exemple de la très pieuse foi avec laquelle nous recevons le prétendu savoir scientifique. En généralisant, nous pourrions dire que tous les postulats de la science sont des croyances, en tant que, précisément, ils sont posés et non pas le résultat d’une « démonstration. »
Deux citations me semblent ici à propos :
« [William] James peut sembler évidemment marquer un point
important lorsqu'il souligne que les scientifiques ont aussi leurs
articles de foi et qu'ils se comportent de façon arbitraire quand ils
essaient de faire reconnaître les convictions de nature religieuse dont
ils ont besoin pour la pratique de la science comme étant les seules qui
soient légitimes : « ils disent qu'elle [la foi] n'est légitime que
quand elle est utilisée dans l'intérêt d'une proposition particulière - à
savoir la proposition selon laquelle le cours de la nature est
uniforme. Que la nature suivra demain les mêmes lois qu'elle suit
aujourd'hui, est, admettent-ils tous, une vérité qu'aucun homme ne peut
connaître ; mais dans l'intérêt de la connaissance aussi bien que de
l'action nous devons la postuler ou l'assumer. » »
Jacques Bouveresse (cité in Croyance)
« La Science est avant tout un système organisé de croyance, a priori nullement supérieur aux autres. »
Jean-Pierre Petit
Nous sommes des croyants, nous l’avons toujours été et nous le resterons. Comme disent les anglo-saxons : « There Is No Alternative » (TINA).
Conclusion
En toute (épistémo)logique donc, la réalité, telle que nous la concevons dans l’Occident moderne et sécularisé, ne nous est pas accessible. Il faut y insister : nous ne pouvons avoir à son sujet que des croyances. Nous pouvons toujours appeler « savoir » celles qui résultent d’une démarche collective, méthodique respectant les canons actuels de la science, mais il s’agira toujours de croyances puisque rien ne nous assure que nous verrons encore les choses ainsi dans un mois, un an ou un siècle.Parmi ces croyances, la première qu’entretient celui qui croit en la Science est que cette dernière peut le mettre en lien direct avec « la réalité » pour, en somme, la lui dévoiler.
Seul le scientifique correctement formé à l’épistémologie se trouve sans aucune certitude quant à ce qu’il en est du réel. Constamment habité par un doute cartésien absolu, il se trouve réduit à croire seulement en l’authenticité de ses sensations élémentaires et de ses mesures.
Si tant est que de tels « positivistes » [5] aient jamais réellement existés [6], il est clair qu’on n'en a pas vu de spécimen depuis longtemps. La plupart des scientifiques sont férocement croyants en la réalité de la réalité qu’ils ont pourtant « construite », tout en pensant l’avoir seulement « découverte ».
« La nature se dévoilant à la Science » (Louis Ernest Barrias) [7]
Bref, l’immense majorité des scientifiques sont des scientistes (qui souvent s’ignorent comme tels), ce qui veut dire qu’ils sont autant dans la croyance que « le croyant » au sens traditionnel, religieux, du terme.
Dès lors, nul n’a de leçon à donner à quiconque et nous pourrions tous coopérer à la compréhension de la situation humaine sans condescendance ou ostracisme.
Mais encore faudrait-il qu’un espace de dialogue soit reconnu de part et d’autre. Pour ce que j’en sais, l’Eglise a admis la légitimité de la pensée scientifique dans le domaine que cette dernière s’est elle-même assigné. Par contre, à ma connaissance, la Science est toujours à nier « officiellement » la légitimité d’une réflexion qui sortirait de son domaine ou qui, pire, y viendrait en parlant d’ailleurs, en parlant depuis le fond sacré, religieux d’où l’humanité a émergé et dont elle n’est, heureusement, jamais sortie.
Je dis « heureusement » car, ainsi que le montrent à l’envi les œuvres de science-fiction, les utopies scientistes sont toujours des dystopies : l’Homme y est perdu, l’Homme s’y est perdu.
Essayons d’éviter ça, dialoguons !
[1] Les impatients peuvent déjà suivre les pistes médicales : Beljanski, vaccins, sida, etc.
[2]
Il semble que ce soit la mésaventure arrivée à un adepte du prânisme
(pratique qui consiste à se nourrir seulement de prâna, donc à se passer
de boire et de manger (sic) qui s’était offert comme
« cobaye » à un laboratoire en espérant contribuer à la reconnaissance
de ce « phénomène » surnaturel). Voir à ce sujet l’excellent film « Lumière »
de Peter Straubinger (qui a été disponible en ligne mais ne l’est plus
actuellement) ainsi que le numéro d’octobre-novembre 2013 de
l’excellente revue Nexus.
[3] Je recommande vivement d’écouter ce remarquable entretien de Didier van Cawelaert sur France Info
[4]
Cette référence que je découvre à l’instant comporte un minuscule
résumé dont la première ligne dit très exactement ce que je tente de
dire avec cet article : « l’illusion scientifique c’est de croire que la science comprend déjà la nature de la réalité »
[5]
Terme qui désigne ceux qui — pire que Saint Thomas qui ne croyait que
ce qu’il voyait — ne croient que leurs sensations et leurs appareils de
mesure.
[6] Au sens où ils resteraient positivistes même dans leur vie quotidienne.
[7]
Lorsque j’étudiais à Paris V et qu’il m’arrivait de me trouver face à
cette statue, j’étais à chaque fois séduit et amusé par la puissance
suggestive de l’idéal de la Science ainsi véhiculé. Ah que la Nature est
aimable lorsqu’elle se soumet à notre volonté ;-) !
* Cet article a été récemment publié sur le site de "journalisme citoyen" Agoravox.
* Cet article a été récemment publié sur le site de "journalisme citoyen" Agoravox.
dimanche 10 novembre 2013
Sur le péché comme dette
Alors que je me désespérais de tant tarder à revenir sur ce blog, un ami m'en a offert l'occasion avec ce message :
"Marion Sigaud (proche d'Egalité et Réconciliation), qui était à la soirée des Citoyens Constituants, nous a appris au bistro où nous étions après avec Étienne Chouard, que dans le "Notre Père" qui fait ton pain quotidien spirituel, que "Pardonne-nous nos offenses" est une traduction erronée, et qu'en fait c'est "Délivre-nous de nos dettes".La chose m'importe car depuis deux ou trois ans, je réfléchis à l'hypothèse d'une origine sacrificielle de la monnaie (cf. le livre girardien d'Aglietta & Orléan "La violence de la monnaie") et la question de la dette y est cardinale.
J'ai trouvé:
http://www.pierredelauzun.com/Le-Notre-Pere-offenses-a-pardonner.html
Il y a, en effet, toutes raisons de penser que la dette a existé bien avant ce que nous reconnaissons comme monnaie et qu'elle en a constitué le terreau.
La forme la plus archaïque de la dette pourrait avoir été celle des sacrifices auquels les humains s'adonnaient dans leurs pratiques religieuses (il semble que les temples mésopotamiens étaient de véritables entrepôts dans lesquelles les scribes tenaient des comptabilités très précises des marchandises apportées pour les sacrifices et qu'ils étaient (si j'ai bien compris) susceptibles de prêter ! Le blé, l'orge, le bétail a pu, ainsi, faire, dès les origines, office de monnaie).
Je suis encore bien loin d'un tableau cohérent sur la question, mais l'excellent livre de David Graeber "Debt: the first 5000 years" m'a néanmoins permis de faire quelques liens assez renversants pour le complet naïf que j'étais en la matière.
Faire de la dette un des liens primordiaux des humains avec le Ciel et entre eux est en effet terriblement éclairant sur les mots que nous employons régulièrement sans plus entendre leur charge de signification.
Outre offense qui peut se traduire par dette, on doit noter que la notion de rédemption est aussi une boîte de Pandore qui ouvre sur la dette. En droit, le rédempteur est celui qui rachète la dette. Remplacez dette par péché et vous comprenez pourquoi le Christ est rédempteur : il redime, c'est-à-dire qu'il "rachète une obligation par le versement d'une contribution" (cf. le CNRTL).
Même si on l'entendait comme simplement métaphorique, ce vocabulaire "marchand" pourrait surprendre voire choquer dès lors qu'on se tient là dans le saint des saints de la foi chrétienne, à savoir le rachat du genre humain par le sacrifice du Christ. Il n'est pourtant ni métaphorique ni, bien sûr, hors de propos.
C'est au sens littéral que nous avons à comprendre la notion de rachat et Graeber le démontre avec un fait tout simple et tellement éloquent : la première évocation historique de la "liberté" s'est faite dans le contexte du "rachat" généralisé des dettes privées régulièrement décrété par les premiers rois de Mésopotamie (cf. le chapitre 3 du livre de Graeber disponible ici). Ainsi, amargi le plus ancien mot de tous les langages humains qui veut dire "liberté" a la signification littérale de "retour à la mère", sous entendu des filles et fils placés en esclavage (en gage et remboursement des dettes des parents).
Bon, restons en là pour le moment et revenons à la question du péché.
Je l'aborde dans la réponse au mèl de mon ami que j'ai fait ensuite circuler autour de moi.
La voici ci-dessous verbatim, et comme il faut savoir faire court, je m'en tiendrai là pour aujourd'hui.
* * *
Je connaissais ça depuis que j'ai lu David Garber et Richard Seaford sur l'origine de la monnaie et sur l'antériorité de la dette sur toute monnaie parce qu'elle est toujours déjà ancrée dans le sacrifice, donc le religieux.
La vision de Lauzun [cf. le lien donné dans la citation initiale] me paraît correcte sur l'essentiel mais je la trouve bien courte.
A mon sens, il ne va pas au fond des choses, disons qu'il ne parvient pas à les poser.
En très bref, tel que je le comprends, dans le contexte de la religion chrétienne, il nous est avant tout demandé de reconnaître (vois le lien avec l'assimilation) tout ce que nous avons reçu et, partant, d'être pleins de gratitude.
C'est comme cela que, je crois, on doit comprendre l'impératif (paradoxal) du "tu aimeras ton Dieu...".
Là est notre devoir : la mise en acte de la loi de réciprocité (mimétique toujours) qui nous fait devoir de donner ce que nous pouvons donner en retour et qui est, pour le strict minimum, une reconnaissance (de dette), donc une (conscience) attention à ce qui nous a été donné d'où (tout naturellement, comme chez les enfants) naît une gratitude (amour) pour celui qui est à l'origine du don.
Ce que Lauzun décrit assez bien mais sans savoir ce qu'il dit c'est ce cercle vertueux de la gratitude (donc la foi (le crédit) dans la réalité des bienfaits reçus comme dons et donc dans la réalité d'un donneur) qui, prophétie auto-réalisatrice ou réaction circulaire oblige, amène toujours davantage de bienfaits (grâces) (cf. l'effet Mathieu).
Ceux qui, comme les pharisiens, prétendent s'acquitter de leur dette par une scrupuleuse comptabilité sont dans l'erreur, dans l'hubris de la prétention à l'indépendance affirmée par le refus de reconnaître le caractère complètement non "remboursable" des dons qui nous sont fait par et dans la vie. Ils prétendent donc se dispenser du devoir d'aimer Dieu. Là est, je crois, la faute absolue.
Nous pouvons terminer sur ce point : le péché originel peut se comprendre non comme culpabilité originelle mais comme état de récipiendaire d'un don à tout jamais non remboursable qui, si nous savons le reconnaître (et nous devons le reconnaître) doit nous placer en état de gratitude (amour premier, fondamental, celui de l'enfant pour ses parents, la fameuse "reconnaissance du ventre") éternelle vis-à-vis du donneur.
Il faudrait que je fasse un article agoravox sur le sujet je crois.
Qu'en penses-tu ?
dimanche 4 août 2013
Dialogue sur l'amour, l'humilité, la responsabilité...
Le 30/07/2013 15:25, Luc-Laurent a écrit :
Moi aussi je flotte complètement en ce moment après mon retour de métropole.
Elle est très pertinente pour nous rappeler que même l'amour que nous éprouvons nous n'en sommes pas la source et que nous devons rendre grâce au Ciel de nous permettre de l'éprouver.
Elle est trompeuse car, à l'instar de la connaissance, nous ne pouvons que reproduire, donc "reconstruire" en nous cette disposition, attitude, acte, etc.
L'amour est communicatif, il est contagieux... car nous reproduisons celui que nous avons reçu (en principe).
C'est l'hypothèse girardienne vers laquelle je pointe ici : l'homme en tant que mimétique, soucieux de la norme de réciprocité, surtout quand il s'agit de la mauvaise réciprocité ;-(
Je vais aller voir ça...
Elle nous rappelle le caractère illégitime de la prétention rationnaliste à se situer au-desssus des croyances.
Comme si c'était possible ;-)
Autant je reconnais clairement l'orgueil comme satanique, autant l'humilité me paraît une notion ambigue et un tantinet périlleuse.
D'abord parce qu'il est facile de manipuler les foules en se la jouant modeste.
J'ai connu un prof. de psycho qui faisait ça excellement.
Il se la jouait top modeste et ensuite nous faisait avaler toutes les couleuvres qu'il voulait.
Si tu fais une conf. en annonçant "je pense que je ne vais rien vous apprendre", tu rassures tout le monde et tous sont prêts à te suivre plutôt que prompt à te faire obstacle (il y a une belle parole biblique ou évangélique à ce sujet, sur celui qui veut s'élever sera abaissé et inversement).
Ensuite, le problème de l'humilité que toute la société nous porte à cultiver, c'est qu'elle va bien avec le doute qui lui va bien avec l'inaction.
A un moment, il faut décider d'avoir foi en ce qu'on croit et d'agir sur cette base, aussi limitée qu'elle puisse paraître à certain d'un point de vue rationnel.
Comme tu le sais, les croyants paraissent spécialement arrogants, eux qui prétendent dire le vrai !
Mais j'avoue que si je ne pense pas faire de compromis, il m'arrive souvent de laisser courir.
Car encore faut-il avoir un interlocuteur.
Et ça aussi, ça devient chose rare.
Quoi qu'il en soit, merci pour cet échange.
Si tu en es d'accord, je pense le mettre sur le blog (si j'arrive à le mettre en forme lisible).
ça ferait office d'introduction à la suite, qui apparaît ainsi ouverte que possible vu qu'on a couvert un large champ déjà.
Bon, je te dis à très bientôt, car j'entends bien tenir un rythme régulier sur le blog, au moins hebdomadaire.
Luc-Laurent
No problemo,Bon désolé j'ai mis du temps à te répondre, je suis un peu absorbé (laisser aller) par le rythme des vacances, ça fait du bien quand même.Mais je vais me remettre doucement sur les rails
Moi aussi je flotte complètement en ce moment après mon retour de métropole.
oui, oui, je suis d'accord, bien sûr.
Autrement dit, même si je te suis sans difficulté au sens où je perçois tes convictions comme très fidèles à la pensée ou, mieux, à la foi chrétienne, il est clair que cette voie royale n'est pas la mienne.
A mon humble avis, la voie royale commence déjà par la volonté de suivre cette voie, après je pense que le Bon Dieu s'adapte aux individualités, en tout bon pédagogue qu'il est il sait adapter les parcours à chacun :)
Très bonne image d'un certain point de vue mais que je crois néanmoins trompeuse.Si je viens à l'Amour, c'est par la porte étroite de la connaissance qui, parce qu'elle étroite, peut faire obstacle, retenir ou ralentir autant qu'elle offre, malgré tout, je crois, une voie d'accès.
De mon point de vue toujours la porte étroite se situe plus au niveau de l'"exercice" de cet amour au sens chrétien : en effet dire que Dieu est l'Amour revient à dire qu'en tant que créature, je ne puis "générer" de l'amour, car pour utiliser des termes physiques on est que "conducteur" (qui plus est variable, dépendant de notre connexion à la source)
Elle est très pertinente pour nous rappeler que même l'amour que nous éprouvons nous n'en sommes pas la source et que nous devons rendre grâce au Ciel de nous permettre de l'éprouver.
Elle est trompeuse car, à l'instar de la connaissance, nous ne pouvons que reproduire, donc "reconstruire" en nous cette disposition, attitude, acte, etc.
L'amour est communicatif, il est contagieux... car nous reproduisons celui que nous avons reçu (en principe).
C'est l'hypothèse girardienne vers laquelle je pointe ici : l'homme en tant que mimétique, soucieux de la norme de réciprocité, surtout quand il s'agit de la mauvaise réciprocité ;-(
J'avoue ne pas bien cerner la notion de storgê.Il me parait nécessaire de développer un peu mon propos ici car au final mon assertion est quand même très dépendante de la définition que l'on donne à ce mot.il s'agit de cette forme "détachée" (autant que possible) de l'amour : l'"agapé" grec en contraste avec l'eros, le philia et le storgê.
Je vais aller voir ça...
Merci !Vivre l'amour chrétien me semble bien le défi humain le plus difficile que je connaisse.En tout cas, c'est là où je suis engagé.
Je ne doute pas un seul instant que tu auras tes réponses, car "qui cherche trouve et à qui frappe à la porte on ouvrira"...
J'aime bien cette intrication du rationnel et de la foi.
Si tu as lu mon texte, tu vois que je suis à peu près comme St Thomas, cad, que c'est en toute rationalité que je me vois obligé de renoncer à ce que notre monde jugerait être la pure rationalité et qui n'est qu'une hypostase de la raison humaine, c'est-à-dire, une prétention de l'Homme à être, vivre et survivre dans le monde en étant seul, sans transcendance.
j'en suis moi même venu à ce constat qui me parait aussi être le plus rationnel avec aussi cette idée de Descartes il me semble que le plus logique est de croire en Dieu car s'il existe et que je me refuse à y croire je prends sciemment le risque de "tout" perdre.De plus pour ma part les expériences que j'ai vécues sont si explicites que pour le coup ce serait vraiment très irrationnel de ma part de ne pas croire...
Elle nous rappelle le caractère illégitime de la prétention rationnaliste à se situer au-desssus des croyances.
Comme si c'était possible ;-)
C'est une idée de Girard.
Mon histoire familiale m'avait déjà disposé à reconnaître la réalité du domaine céleste et si je m'en étais distancié, je ne l'avais jamais renié.
Disons que l'expérience étrange que je vis m'a obligé à la tenir pour la première réalité.
A partir de là, en étant croyant de dorénavant à désormais, je fais marcher à fond mes compétences de théoricien pour me constituer une représentation du monde et plus précisément une théorie de l'Homme dont, à la suite de René Girard (auteur remarquable dont je te recommande vivement la lecture (notamment du livre "des choses cachées depuis la fondation du monde")), je pense que le nouveau testament constitue la pierre angulaire.
Tu n'imagine pas à quel point je suis d'accord avec ta dernière phrase !!!
Disons que je suis non croyant dans l'humilité.
Le sujet est bien trop vaste là encore pour que je me risque à m'y engager utilement à présent, mais si tu veux un petit indice, je pense que ce que tu as pu apprécier à certains moments de mon positionnement professionnel est quelque chose que j'ai été amené à théoriser comme d'origine christique. En ultra-bref, le geste professionnel par excellence que je crois condition sine qua non de toute professionnalité, c'est de savoir prendre sa patate chaude plutôt que de la laisser circuler en espérant qu'elle se posera dans le jardin de quelqu'un d'autre.L'Homme spirituel l'est partout en tout temps, du moins s'efforce de l'être : une des vertus les plus importantes pour le progrès spirituel est inéluctablement l'humilité, j'utiliserai plutôt le terme de "porter sa croix" en est la manifestation la plus aboutie.
Autant je reconnais clairement l'orgueil comme satanique, autant l'humilité me paraît une notion ambigue et un tantinet périlleuse.
D'abord parce qu'il est facile de manipuler les foules en se la jouant modeste.
J'ai connu un prof. de psycho qui faisait ça excellement.
Il se la jouait top modeste et ensuite nous faisait avaler toutes les couleuvres qu'il voulait.
Si tu fais une conf. en annonçant "je pense que je ne vais rien vous apprendre", tu rassures tout le monde et tous sont prêts à te suivre plutôt que prompt à te faire obstacle (il y a une belle parole biblique ou évangélique à ce sujet, sur celui qui veut s'élever sera abaissé et inversement).
Ensuite, le problème de l'humilité que toute la société nous porte à cultiver, c'est qu'elle va bien avec le doute qui lui va bien avec l'inaction.
A un moment, il faut décider d'avoir foi en ce qu'on croit et d'agir sur cette base, aussi limitée qu'elle puisse paraître à certain d'un point de vue rationnel.
Comme tu le sais, les croyants paraissent spécialement arrogants, eux qui prétendent dire le vrai !
Oui, ça pourrait passer pour le signe d'une folie furieuse ;-)ça m'est apparu quand je travaillais pour une conférence sur la réconciliation dans un contexte girardien précisément. Il n'y a rien de plus apaisant pour un groupe que d'avoir une culture commune de la responsabilité. Et ça encore une fois c'est total christique puisque ce à quoi le Christ a consenti c'est de se tenir dans la position de l'accusé (alors qu'il était innocent). Ce que nous est demandé à nous, c'est juste de faire l'effort d'assumer notre propres erreurs ou fautes de manière à rassurer et apaiser les autres en leur faisant ainsi comprendre que nous ne sommes pas dans une dynamique accusatoire, celle de Satan, le diviseur.
En fait, si tu veux, je passe derrière Girard et j'essaie d'axiomatiser son anthropologie d'inspiration chrétienne dans le cadre de mon approche synthétique de la psychologie (que je commence à présenter sur agoravox pour me forcer à écrire pour le grand public, ce qui n'est pas évident).
Donc mes grandes questions c'est la place du sacrifice (cf. la théorie girardienne) dans son rapport à l'Amour, à la monnaie aussi, et à en fait presque tout dans ce bas monde.
Si tu veux, comme les physiciens qui poursuivent le projet d'une théorie physique de tout, je travaille à une théorie psychologique de tout qui, étant constructiviste et relativiste, ne vise pas une réalité au-delà de l'apparence.
Je te souhaite vraiment beaucoup de courage, ça doit être passionnant mais aussi certainement pénible parfois, intuitivement je dirais que ça me parait très sensé, mais je n'ai aucun mal à imaginer des gens penser le contraire...
J'avoue être moins optimiste et beaucoup plus perplexe. Mais sûr de rien de tout, ça c'est sûr.
Je m'attache surtout à rendre les choses aussi claires et nettes que possible, notamment au plan ontologique. Cad, savoir de quoi on parle quand on parle de ceci ou de cela.
De la sorte je suis souvent attristé de la vacuité de maints prêches qu'il m'est donné d'entendre. Il est trop de prêtres qui semblent n'avoir plus que les mots et qui offrent alors un rituel de plus en plus vide, de "bonne conscience" des familles. La passion, le sens et surtout l'actualité du rituel chrétien ne semblent plus qu'un souvenir lointain.
De ce point de vue, même si je te rejoins, c'est une chose qui m'est très pénible car du fait de leur position de berger, ce sont des personnes qui ont à livrer de durs combats et il est triste de se rendre compte que certains ont perdu les armes dont ils ont besoin pour être victorieux...Je dirais que les hommes d'église en général ont beaucoup besoin de la prière de leurs ouailles, mais la prière est devenue une denrée rare...Pourtant je ne formaliserai pas de l'apparente faiblesse de l'église actuelle, persuadé que cet état est appelé à évoluer positivement...
Je pense que c'est l'idéal.
Je ne leur jette pas la pierre mais ça m'interroge quand par exemple un prêtre à St Denis croit bienvenu de donner des musulmans en exemple dans son prêche. L'oecumenisme c'est sympa en apparence mais à la fin ça peut finir en perte de sens radicale.
Bon, je m'excite là et je ne suis pas très sûr que ce que je t'écris soit et clair et intéressant.
Je comprends tout à fait ce qui peut t'exaspérer dans ce genre de situation : le politiquement correct et la charité sont des choses bien différentes, je pense en toute bonne foi que pour bien aimer son prochain il n'est pas possible de faire de compromis avec la vérité, mais bon ce n'est que ma façon de voir les choses...
Mais j'avoue que si je ne pense pas faire de compromis, il m'arrive souvent de laisser courir.
Car encore faut-il avoir un interlocuteur.
Et ça aussi, ça devient chose rare.
Bien sûr, très bonne idée.Donc je vais m'arrêter et essayer de venir à une conclusion en forme de proposition : je trouverais intéressant que nous puissions convenir d'un moyen de tricoter un dialogue qui nous permette d'accéder à une compréhension mutuelle sur ce sujet tellement important pour chacun de nous.
C'est probablement moins facile qu'il pourrait sembler a priori (en raison ou en dépit du cadre de référence commun) mais ça pourrait justement être un exercice "spirituel" extrêmement intéressant pour chacun de nous comme pour ceux qui voudraient le suivre.
C'est pourquoi je te proposerais volontiers que nous tentions de réaliser cela sur un blog. Non pas dans l'idée de conquérir une audience mais plutôt de rendre accessibles et partageables des réflexions actuelles d'honnetes hommes en quête de sens.
Cette idée me vient parce que justement je me suis déjà essayé à l'exercice consistant à mettre en ligne les réflexions qui me viennent constamment au sujet de cette pratique exotique au possible pour le citoyen au cerveau lessivé par deux siècles de laïcité anticléricale. Je veux parler de la prière du Rosaire.
Ce blog je l'ai commencé avec plein d'allant mais je manque terriblement de constance. Je sens pourtant qu'il faudrait que je m'y tienne car je vis une incroyable richesse de sens dans ce qui me vient à l'esprit. Si tu veux, je théorise comme je respire et, pour le moment, j'ai la naïveté de croire que ça pourrait intéresser d'autres que moi. Tu me diras...
Nous pourrions créer un blog de toute pièce ou nous mettre à dialoguer sur celui-ci si la question de la prière te paraît aussi "axiale" qu'elle l'est pour moi.
Ton idée m'enchante, ce sera avec plaisir et pourquoi pas je vais essayer de ramener du monde si tu es d'accord
Quoi qu'il en soit, merci pour cet échange.
Si tu en es d'accord, je pense le mettre sur le blog (si j'arrive à le mettre en forme lisible).
ça ferait office d'introduction à la suite, qui apparaît ainsi ouverte que possible vu qu'on a couvert un large champ déjà.
Bon, je te dis à très bientôt, car j'entends bien tenir un rythme régulier sur le blog, au moins hebdomadaire.
Luc-Laurent
Réponse de Michaël
Le 16/07/2013 23:30,
Michaël a
écrit :
Salut Luc-Laurent,
J'entame ce mail et je
me surprend à sourire,
moi qui depuis si
longtemps ai enlevé le
mot "hasard" de mon
vocabulaire, me rend
compte avec amusement
que notre rencontre et
nos différentes
conversations ne sont
pas du tout un hasard :)
Je note un point qui me fait écho,
c'est cette notion d'apocalypse, avec
ton idée de l’imminence d’évènements
majeurs qui bouleverseraient notre
existence, mais je crois aussi
profondément à l'amour du Père et de
fait je suis assez attaché aux annonces
faites à Garabandal, qui se recoupent
avec les prophéties de Medjugorjé :
l'idée d'un avertissement : pas de
sanction digne de ce nom sans que les
actes ne soient posé en pleine
conscience et connaissance de cause, je
crois donc que cette conscience là sera
donnée et agira, mais pour ceux qui ne
seront pas enracinés dans la Vérité, ils
se feront berner par l'usurpateur et se
détourneront du droit chemin, séduit par
les prodiges... En référence à
l'apocalypse de St Jean et à
l'antéchrist.
j'aurai bcp à dire, mais je ne
pourrai pas tout dire d'un coup :)
je vais essayer de me focaliser sur
ce qui pour moi a été essentiel, afin de
le partager en toute bonne foi.
Ce sur quoi repose ma foi, mon
postulat de départ :
- L'existence de Dieu, unique et
créateur
- Le fait que la Vérité absolue,
c'est à dire quelque chose qui explique
tout sans aucune erreur existe : elle
est Dieu, Dieu est Vérité
- Le fait que quoi que je dise,
pense, crois, que j'existe ou pas : je
n’atteins pas cette vérité par moi même
et je ne peux la modifier quel que soit
les efforts que je déploierai pour le
faire.
- La vérité étant inaccessible à
l'homme, elle s'est donc incarnée pour
se faire connaitre - Le Christ ou Messie
(dont la venue a été prophétisée) - et
libérer l'Homme de l'esclavage du péché
que la Loi (Moïse - les 10
commandements) n'avait pu faire, non pas
en abolissant la loi, mais en
l'accomplissant à la perfection.
- Que par révélation, Dieu nous
apprend qu'il est Un et Trin : Père,
Fils et Esprit, mais un Seul Dieu en
essence.
- le principal attribut de Dieu est
l'Amour qui est à la fois la cause et la
finalité de toute chose.
Cela m'a permis de déduire /
découvrir :
Dieu est amour, Dieu est Vérité :
Amour et Vérité se confondent donc, la
Vérité se trouve dans l'Amour, qui a mon
sens est le plus haut degré de Vérité
accessible à l'Homme. Cet amour n'est
pas celui défini par l'Homme, mais par
Dieu lui même, c'est à dire le Christ
qui par sa vie, son oeuvre et sa mort
fait connaitre à la créature la
plénitude de l'Amour du créateur pour sa
créature.
En effet quel est donc cet Amour qui
pousse un Dieu à s'abaisser si
profondément pour venir sauver cette
créature qui était perdue ? Est ce
concevable d'endosser l'humanité juste
par Amour ? si oui quelle(s)
conséquence(s) cela aura t-il sur ma
vie?
Si cet Amour est absolu dans sa
perfection, il est logique que l'objet
de l'amour soit laissé dans une liberté
aussi absolue que l'amour lui même,
courant même le risque de la perte
totale et définitive de l'être aimé qui
a le droit de choisir de rejeter celui
qui l'aime.
Quel amour pousse un Dieu à mendier
l'amour de sa créature?
Ainsi pour connaitre l'Amour de Dieu
et sa Vérité que faire? : Vouloir :
lorsque la créature choisi d'offrir
librement à Dieu son Amour, alors le
travail commence : une purification.
Celle de l'Ame : qui créée par Dieu
"à son image" est éternelle dans la
béatitude ou la damnation.
Car il serait imprudent de ne pas
admettre que de la liberté donnée aux
créatures, a découlé la séparation de
Satan qui dans sa rage à juré de se
venger et de tout faire pour ruiner
cette création.
La question du Bien et du Mal n'est
au final que la possibilité de s'unir au
créateur ou pas...
Ce n'est pas la partie que j'ai le
plus envie de développer même si je le
sais c'est le plus souvent à ce niveau
que les dissensions se situent mais
c'est normal en fait, donc je passe.
La Bonne Nouvelle : "le Royaume de
Dieu est tout proche" : Dieu en personne
se serait déplacé du ciel pour nous dire
ça? s'il a toute sa tête ça pourrait
signifier que "tout" est là?
"ce qui a été caché aux sages et aux
savants, c'est aux humbles et aux
pauvres qu'il l'a révélé"
"le royaume de Dieu est au dedans de
vous"
Vraiment la bonne nouvelle est
incroyable : Dieu souhaite commencer à
établir son règne au dedans de moi, non
pas un jour quand je serai au ciel, mais
ici et maintenant. Je dois simplement
vouloir, mais un vrai vouloir en
"laissant tout" pour le suivre à
commencer par ce que je crois savoir ?
Bon, j'aimerais beaucoup poursuivre
mais je me contente de ça pour
l'instant, j'attends tes réactions.
Mais je te laisse un peu de lecture.
Le royaume de Dieu c'est quoi? http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Seraphim/table.html
un texte qui m'a changé, orthodoxe
mais qu'importe à lire.
Mais la révélation de ma vie c'est ça
: http://www.maria-valtorta.org/
intégralité de l'oeuvre ici : http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/Oeuvre.htm
une lecture des évangiles qui aura
bouleversée ma vie pour toujours - je
n'ai pas fini l’œuvre, mais depuis le
début, je me suis mis à lire comme un
enfant écoute une histoire, j'ai
toujours voulu laisser l'émerveillement
me conquérir convaincu de la vérité qui
s'y cache c'est ..... wouaouh
Saches que je n'ai pas souvent
l'occasion de parler de ces choses, et
que les personnes avec qui j'ai eu
l'occasion d'aller si loin dans ma
pensée, se comptent sur les doigts de la
main, mais c'est néanmoins avec joie que
je le fais aujourd'hui.
Je te souhaite
de trouver ce que nous cherchons tous,
pour que "ta joie soit parfaite", j'ai
presqu'envie de dire "fraternellement"
:)
Michaël
Réponse à Michaël
Le 15 juillet
2013 23:57, Luc-Laurent Salvador
a écrit :
Bonsoir Michaël,
J'espère que tu voudras bien pardonner le retard avec lequel je réponds à ton dernier mèl.
Il s'avère que le 3 au soir j'ai pris l'avion pour la métropole et depuis, comme on dit, je n'ai plus touché terre.
Je me dis que si tu as attendu, à tout le moins tu devrais pas être déçu.
En effet, ton mèl m'a fait plaisir et je me suis dit "bienvenue au club !".
Tu as compris que ce n'était pas le cas
Bien que provoc par nature, j'avoue que dans ce domaine, je reste assez prudent car on aurait tôt fait de passer pour un lourdingue qui a l'audace de prêcher pour sa paroisse.
Néanmoins je saisis les occasions qui me paraissent pertinentes pour souligner, par exemple, que les stratégies de réconciliation dont je me sers dans ma pratique professionnelle et personnelle sont proprement christiques.
J'ai par exemple fait des confs sur la question de la réconciliation et de la paix et, sans trop en rajouter quand même, j'ai pointé que c'était bâti sur le modèle de la posture christique.
Depuis longtemps René Girard, auteur chrétien revendiqué, est mon maître à penser.
Je te le recommande vivement.
Mais ce n'est pas lui qui m'a fait revenir à la religion catholique dans laquelle j'ai été élevé et dont je m'étais éloigné en toute conscience et rationalité au sortir de l'adolescence.
Si tu veux tout savoir, c'est raconté dans deux textes grand public ici et là.
Ensuite, si le sujet t'intéresse et ne te paraît pas affreusement exotique, nous pourrons en parler.
J'ai quelques éléments nouveaux depuis.
Je ne t'en dis pas plus.
Tu me diras ce que tu en penses.
Le sujet est d'importance !
Bon je te laisse découvrir mon entrée rationnelle dans la foi (tout un programme) et après, je te parlerai de la suite si ça t'intéresse.
Tu verras qu'il y a encore pire que de se déclarer croyant.
C'est se déclarer non croyant...
... toute la question est de savoir en quoi ;-)
Je parie que tu n'imagines même pas tellement ça paraît pas concevable.
Et pourtant il semblerait que tout soit "écrit" déjà dans les textes traditionnels des religions du Livre.
En fait c'est tellement pire qu'au-delà de cette ligne, l'email devrait être crypté ;-)
Donc je m'arrête là...
J'espère que tu passes de bonnes vacances.
Ravi qu'on se retrouve sur ce terrain commun vu que le terrain professionnel ne l'est plus.
A bientôt ?
Luc-Laurent
Bonsoir Michaël,
J'espère que tu voudras bien pardonner le retard avec lequel je réponds à ton dernier mèl.
Il s'avère que le 3 au soir j'ai pris l'avion pour la métropole et depuis, comme on dit, je n'ai plus touché terre.
Je me dis que si tu as attendu, à tout le moins tu devrais pas être déçu.
En effet, ton mèl m'a fait plaisir et je me suis dit "bienvenue au club !".
Je m'en voulais de tarder car je savais que cela pouvait être interprété comme une prise de distance.Alors là je dirais que le domaine concerné (qui au final impacte tout le reste) intéresse très peu de gens, et mes réflexions dans le domaine concerné, font fuir presque tous ceux qui restent J,
Tu as compris que ce n'était pas le cas
Je sais que la chose n'est pas facile.mais puisque tu pose la question, je vais être honnête : je nage complètement à contre courant en ce qui concerne le domaine de la spiritualité que je rattache personnellement à la religion, plus précisément, je suis catholique, pratiquant et j’essaie de m’améliorer… plus à contre courant que ça faut y aller J
Bien que provoc par nature, j'avoue que dans ce domaine, je reste assez prudent car on aurait tôt fait de passer pour un lourdingue qui a l'audace de prêcher pour sa paroisse.
Néanmoins je saisis les occasions qui me paraissent pertinentes pour souligner, par exemple, que les stratégies de réconciliation dont je me sers dans ma pratique professionnelle et personnelle sont proprement christiques.
J'ai par exemple fait des confs sur la question de la réconciliation et de la paix et, sans trop en rajouter quand même, j'ai pointé que c'était bâti sur le modèle de la posture christique.
Depuis longtemps René Girard, auteur chrétien revendiqué, est mon maître à penser.
Je te le recommande vivement.
Mais ce n'est pas lui qui m'a fait revenir à la religion catholique dans laquelle j'ai été élevé et dont je m'étais éloigné en toute conscience et rationalité au sortir de l'adolescence.
Si tu veux tout savoir, c'est raconté dans deux textes grand public ici et là.
Ensuite, si le sujet t'intéresse et ne te paraît pas affreusement exotique, nous pourrons en parler.
J'ai quelques éléments nouveaux depuis.
Je ne t'en dis pas plus.
Tu me diras ce que tu en penses.
Je me dis que ce serait intéressant qu'on se donne l'occasion d'approfondir.Sauf qu’aborder le sujet sans entrer dans le détail des raisons qui m’ont poussé à ça, ça peut vite tourner au cliché. J’ai pas franchement le courage de développer plus là, mais si vraiment après ça tu es toujours curieux pourquoi pas J
Le sujet est d'importance !
idem pour moi !Je précise quand même que je n’appartiens à aucun mouvement sectaire et que je ne cherche pas à recruter du monde mdr, de plus malgré tout je continue de me considérer comme quelqu’un de cartésien et (a peu près) sensé.
Bon je te laisse découvrir mon entrée rationnelle dans la foi (tout un programme) et après, je te parlerai de la suite si ça t'intéresse.
Tu verras qu'il y a encore pire que de se déclarer croyant.
C'est se déclarer non croyant...
... toute la question est de savoir en quoi ;-)
Je parie que tu n'imagines même pas tellement ça paraît pas concevable.
Et pourtant il semblerait que tout soit "écrit" déjà dans les textes traditionnels des religions du Livre.
En fait c'est tellement pire qu'au-delà de cette ligne, l'email devrait être crypté ;-)
Donc je m'arrête là...
J'espère que tu passes de bonnes vacances.
Ravi qu'on se retrouve sur ce terrain commun vu que le terrain professionnel ne l'est plus.
A bientôt ?
Luc-Laurent
Surprise !
Il me faut le reconnaître : je m'étais endormi.
Heureusement, un échange assez inattendu avec Michaël me fait revenir à ce blog plus déterminé que jamais à m'y tenir.
Michaël est un collègue qui, dernièrement, au terme d'une super coopération professionnelle trois années durant, m'a félicité pour le courage avec lequel je tentais certaines prises de position contre vents et marées bien qu'il y ait toutes chances que mes efforts soient vains.
Il m' a dit, en substance, connaître lui aussi les affres des combats un peu donquichottesques et je lui ai demandé s'il pouvait m'indiquer la nature des combats en question.
Il a répondu : "...puisque tu pose la question, je vais être honnête : je nage complètement à contre courant en ce qui concerne le domaine de la spiritualité que je rattache personnellement à la religion, plus précisément, je suis catholique, pratiquant et j’essaie de m’améliorer… plus à contre courant que ça faut y aller :-)"
Comme vous l'imaginez, le fait de nous découvrir croyants nous a immédiatement engagés dans un dialogue destiné à nous présenter réciproquement nos approches respectives de la foi.
Pour résumer affreusement, je dirais que, tel que je le perçois, Michaël s'est positionné sur un versant plutôt traditionnel, porté qu'il est par "la révélation de sa vie" qu'ont été pour lui les écrits de Maria Valtorta (intégralité de l'oeuvre ici : http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/Oeuvre.htm).
Il m'a semblé (je ne suis encore sûr de rien) que je venais d'un bord presque opposé puisque je suis (re)venu à la foi par nécessité rationnelle, même si je n'ai jamais complètement renoncé à la croyance héritée de mon éducation chrétienne et surtout de ma grand-mère et de ma mère.
Avec l'autorisation de Michael, le post qui suit livre en mode "brut de coffrage" le dialogue que nous avons eu en tentant de nous présenter réciproquement (et très synthétiquement) notre foi respective.
Il n'a d'autre prétention que d'être authentique.
Mais pour cette seule raison il m'a semblé qu'il y avait là quelque chose de suffisament intéressant pour être rendu public, en des temps où il devient difficile de témoigner de sa foi catholique.
Heureusement, un échange assez inattendu avec Michaël me fait revenir à ce blog plus déterminé que jamais à m'y tenir.
Michaël est un collègue qui, dernièrement, au terme d'une super coopération professionnelle trois années durant, m'a félicité pour le courage avec lequel je tentais certaines prises de position contre vents et marées bien qu'il y ait toutes chances que mes efforts soient vains.
Il m' a dit, en substance, connaître lui aussi les affres des combats un peu donquichottesques et je lui ai demandé s'il pouvait m'indiquer la nature des combats en question.
Il a répondu : "...puisque tu pose la question, je vais être honnête : je nage complètement à contre courant en ce qui concerne le domaine de la spiritualité que je rattache personnellement à la religion, plus précisément, je suis catholique, pratiquant et j’essaie de m’améliorer… plus à contre courant que ça faut y aller :-)"
Comme vous l'imaginez, le fait de nous découvrir croyants nous a immédiatement engagés dans un dialogue destiné à nous présenter réciproquement nos approches respectives de la foi.
Pour résumer affreusement, je dirais que, tel que je le perçois, Michaël s'est positionné sur un versant plutôt traditionnel, porté qu'il est par "la révélation de sa vie" qu'ont été pour lui les écrits de Maria Valtorta (intégralité de l'oeuvre ici : http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/Oeuvre.htm).
Il m'a semblé (je ne suis encore sûr de rien) que je venais d'un bord presque opposé puisque je suis (re)venu à la foi par nécessité rationnelle, même si je n'ai jamais complètement renoncé à la croyance héritée de mon éducation chrétienne et surtout de ma grand-mère et de ma mère.
Avec l'autorisation de Michael, le post qui suit livre en mode "brut de coffrage" le dialogue que nous avons eu en tentant de nous présenter réciproquement (et très synthétiquement) notre foi respective.
Il n'a d'autre prétention que d'être authentique.
Mais pour cette seule raison il m'a semblé qu'il y avait là quelque chose de suffisament intéressant pour être rendu public, en des temps où il devient difficile de témoigner de sa foi catholique.
dimanche 28 avril 2013
Du sermon au prêche
Les circonstances me ramènent vers ce blog que j’ai laissé en suspens et où je vais à présent tâcher de faire preuve d’assiduité
Il m’a en effet semblé que ce serait une bonne chose que je tente de mettre par écrit les idées qui me viennent lorsqu’écoutant le prêche dominical, j’ai trop souvent le sentiment d’entendre non un sermon qui interpelle au plus profond de soi mais une suite de lieux communs dont les rares pro-vocations sont tellement usées ou convenues qu'elles semblent ne plus nous concerner véritablement.
Je crois pourtant que le sermon est une formidable occasion d’ouvrir l’esprit des fidèles et de les sortir d'un quotidien mondain dans lequel ils sont englués sans même en avoir conscience. Mais encore faut-il que le prêche soit inspiré et puissant car la force de l'habitude est immense.
Et elle l'est en particulier parce qu'elle se nourrit d'imitation.
Le prêtre et l'assemblée des fidèles sont un peu le miroir l'un de l'autre. Ils font "système". Dès lors, on peut penser que si les seconds changent, le premier adaptera probablement sa parole.
Il nous faut être des fidèles plus dynamiques, plus actifs qui soient collectivement, voire même culturellement engagés dans l'effort assidu de faire sens des écritures et qui ne se contentent pas d'avoir écouté le prêche religieusement.
Ce blog est une minuscule tentative pour aller dans ce sens, pour apporter une pierre à l'édifice, en contribuant autant que possible à une culture de réflexion approfondie, vivante et/car collective.
Je pense donc ne pas évoquer ici seulement la prière du Rosaire.
Tout ce qui touche au domaine de la foi pourra être considéré.
Il m’a en effet semblé que ce serait une bonne chose que je tente de mettre par écrit les idées qui me viennent lorsqu’écoutant le prêche dominical, j’ai trop souvent le sentiment d’entendre non un sermon qui interpelle au plus profond de soi mais une suite de lieux communs dont les rares pro-vocations sont tellement usées ou convenues qu'elles semblent ne plus nous concerner véritablement.
Je crois pourtant que le sermon est une formidable occasion d’ouvrir l’esprit des fidèles et de les sortir d'un quotidien mondain dans lequel ils sont englués sans même en avoir conscience. Mais encore faut-il que le prêche soit inspiré et puissant car la force de l'habitude est immense.
Et elle l'est en particulier parce qu'elle se nourrit d'imitation.
Le prêtre et l'assemblée des fidèles sont un peu le miroir l'un de l'autre. Ils font "système". Dès lors, on peut penser que si les seconds changent, le premier adaptera probablement sa parole.
Il nous faut être des fidèles plus dynamiques, plus actifs qui soient collectivement, voire même culturellement engagés dans l'effort assidu de faire sens des écritures et qui ne se contentent pas d'avoir écouté le prêche religieusement.
Ce blog est une minuscule tentative pour aller dans ce sens, pour apporter une pierre à l'édifice, en contribuant autant que possible à une culture de réflexion approfondie, vivante et/car collective.
Je pense donc ne pas évoquer ici seulement la prière du Rosaire.
Tout ce qui touche au domaine de la foi pourra être considéré.
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