samedi 25 juin 2011

Accrochages et stabilité

Voilà sans doute un titre bien énigmatique mais c'est celui qui m'est venu à l'esprit pour décrire la solution que j'ai trouvée pour ne pas m'endormir lorsque je prie.
Le principe peut se comprendre avec une image : celle du moyeu de la roue de bicyclette. Si ce moyeu n'était relié à la roue que par un rayon, il flotterait presque à son gré et ne pourrait supporer aucun poids. Deux rayons amélioreraient beaucoup la situation mais resteraient insuffisants. A partir de 3 rayons le moyeu est grosso modo stabilisé au centre de la roue et celle-ci commence à être fonctionnelle.
Morale de l'histoire : des liens individuellement faibles peuvent engendrer une relative stabilité s'ils coordonnent leurs forces, s'ils s'accordent pour converger et s'accrocher sur un même point qui devient alors fixe, stable.
Si vous dites vos prières seulement dans votre tête, vous n'avez qu'un rayon : celui de votre capacité de concentration. Suivant votre volonté, votre ferveur, il peut être tout à fait suffisant mais ce n'était pas le cas pour moi.
Ainsi un soir, n'en pouvant plus de m'endormir sans cesse, j'ai utilisé un tableau de présentation avec ses grandes feuilles de papier et j'ai écrit sur l'une d'elle les principaux mots du Je vous salue Marie en les disposant selon un triangle qui culminait avec "béni" et se terminait à sa base, à l'angle de droite, avec "mort". En prononçant Amen, je revenais vers la gauche au début du triangle et j'étais prêt à le reparcourir à nouveau.
D'aucun pourront trouver que cela n'est pas du tout sérieux. Pourtant je peux vous assurer que ça l'est. J'avais sérieusement besoin de pouvoir faire mes prières et ce support m'a permis de le faire car le simple fait d'être en mouvement (2eme rayon) et le fait d'avoir sous les yeux les paroles à prononcer me permettait de ne pas m'égarer dans mes pensées et de me perdre ensuite dans le sommeil.
J'ai pu canaliser mon énergie, maintenir mon attention, par la stabilisation de ce à quoi je souhaitais porter attention : ma prière.
Comme indiqué précédemment, je ne me sers plus de ce support. Je n'en ai plus besoin tel quel. Mais je me sers encore de ce que j'ai appris en analysant les raisons pour lesquelles il s'était révélé efficace pour moi. J'en parlerai une prochaine fois. La fatigue réunionnaise dont je parlais précédemment est en train de me gagner. A bientôt j'espère.

mardi 14 juin 2011

Ne pas s'endormir

On dit souvent qu'il ne faut pas s'endormir sur ses lauriers.
Déjà bien beau d'avoir des lauriers aurais-je envie de dire.
Pour ma part, le problème a d'abord été de ne pas m'endormir du tout.
Ne serait-ce qu'en raison de l'heure tardive à laquelle je venais à prier quand, débutant et naïf, je croyais pouvoir tenir cet engagement sans discipline, par la seule force de la volonté.

S'il est une expérience qui nous rappelle la faiblesse de notre volonté, c'est bien celle de l'endormissement.
Songeons aux apôtres sur le mont des Oliviers qui s'endorment alors que s'annonce la Passion.
Nulle surprise que le commun des mortels puisse s'endormir en récitant son Rosaire.

Mais accueillir avec bienveillance et compréhension une faiblesse ne change rien au fait qu'il faille y remédier. Car au réveil, le Rosaire n'a pas avancé seul. Il a patiemment attendu que nous revenions à lui pour le mener à terme.

La situation devenant critique pour moi, en raison d'endormissements multiples (non seulement j'ai toujours eu un bon sommeil mais je suis en carence de sommeil systématique car, par choix, je dors peu), il m'a absolument fallu inventer une solution.

Et je l'ai trouvée !

Actuellement je ne m'en sers plus car, ayant réussi à instaurer une relative discipline, je prie à des heures où je ne suis pas encore trop saisi par la fatigue immense qui m'envahi étrangement de plus en plus depuis que je suis à la Réunion, sans que je sache s'il y a ici un lien de cause à effet.

Cette simple habitude a réglé fondamentalement le problème. Mais malgré tout, la disponibilité de ma "solution" me rassure et j'y reviens parfois pour passer des caps difficiles lorsque les circonstances m'ont affaibli (par exemple après un bon repas avec, éventuellement, prise d'alcool).

Si vous voulez connaître cette solution, eh bien, il vous faudra patienter jusqu'au prochain post. Celui est déjà bien assez long... :-)

vendredi 10 juin 2011

De l'intention à l'action

Comme le dit si bien la sagesse populaire, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Il est plusieurs manières, je pense, d'entendre cet adage.
L'une d'entre-elle consiste à pointer le fait que l'intention ne saurait suffire.
Comme la connaissance, l'intention sans l'action n'est rien.
La distance temporelle entre mon précédent post et celui-ci indiquera suffisamment à quel point je peux être concerné par la question du passage à l'action.
Mais je ne vais pas ouvrir ici la boîte de Pandore de la procrastination.
Cela nous mènerait trop loin à suivre de droite et de gauche les multiples thèmes qu'elle contient.
Pour ce soir, je voudrais simplement faire ce constat : l'intention de prier le Rosaire, quelle qu'en soit la motivation première, va nécessité de composer avec le système d'habitudes qui (dé?)structure nos vies.
Il va falloir faire une place à cette nouvelle habitude et donc réorganiser la journée en fonction de cette nouvelle priorité.

Lorsque j'ai commencé, le constat implacable fut celui-ci : mes prières était visiblement la dernière chose que je souhaitais faire dans la journée. Tout passait avant ce qui, sinon en pensée, du moins en acte, était perçu comme un devoir et, partant, une astreinte, voire, soyons honnête, une corvée.

J'avais décidé d'y venir car des "signes" me semblaient indiquer cette direction. Ma conviction était qu'il me fallait prier, pour ma mère dont la situation mentale n'était pas réjouissante et pour un projet personnel d'importance vitale, ni plus ni moins.

J'étais pleinement consentant. Mais certainement pas préparé aux difficultés que j'allais rencontrer. Quoique, si, j'étais préparé au sens où j'avais déjà toute la théorie pour comprendre l'enfer dans lequel j'ai plongé et qui marque la séparation entre l'intention et l'action.

En clair, à part les natures heureuses dont l'action est d'emblée juste, la plupart de ceux qui sont venus à la prière à un moment donné ont eu à découvrir combien il y a loin de la coupe aux lèvres, combien l'intention de prier est difficile à mettre en oeuvre lorsque la coupe qui accueille la prière, le mental, est constamment plein de l'agitation frénétique des pensées qui le traversent d'instant en instant et qui le portent instantanément à mille lieux de la paix et de la ferveur qu'il souhaitait donner à sa prière.

Pour donner à cette dernière la place qu'elle mérite dans le mental, dans l'esprit, un combat de tous les instants est nécessaire. Au moins au début.

C'est ce combat que j'ai mené et que je mène encore dont je voudrais faire ici le récit. Avec l'idée que cela pourra aider ceux qui s'affrontent aux mêmes difficultés.