dimanche 13 avril 2014

Le tridum pascal comme un sommet

Lors d'un échange récent avec un ami prêtre, celui-ci m'a, à brûle-pourpoint, demandé si j'allais faire le tridum pascal.

Je ne savais même pas ce que c'était.

Il m'a alors expliqué très rapidement, mais avec une ferveur palpable, que c'était les jours les plus précieux de l'année liturgique.

Ce que j'en ai compris, c'est que chacun est invité à accompagner le Christ dans son abandon total à la volonté du Père, dans son amour sans limite pour les hommes, dans son consentement au sacrifice de soi absolu, dans une descente aux enfers et une mortification poussée jusqu'au néant, et cela tout en gardant foi dans le Père, dans sa promesse de résurrection et de vie éternelle.

La passion avec laquelle il m'en parlait était  communicative, mais je ne pouvais pas ne pas la ressentir comme étant bien au-delà de mes capacités (je me suis senti  comme "provoqué" et assez mal à l'aise car tellement en dessous de l'idéal, tellement éloigné d'un tel lieu).

C'est comme si un ami me parlait de sa conquête de l'Himalaya ou simplement du Mont-Blanc.

Je pourrais l'écouter avec la plus grande attention sans jamais perdre de vue que mon état de forme physique étant ce qu'il est, ce voyage n'est pas pour moi.

Ma conviction est que pour vivre le Tridum, comme pour escalader des sommets ou simplement jouer du violon avec bonheur, il est nécessaire d'avoir une longue et patiente éducation qui, c'est bien clair, me fait encore défaut.

Je le vois bien avec la modeste prière qui chaque jour me met à l'épreuve et me fait prendre conscience de mon insigne faiblesse tant il m'est difficile de simplement tenir mon esprit fermement orienté vers le Ciel et de ne pas le laisser s'égarer dans les méandres de la pensée mondaine.

Le tridum pascal me paraît un sommet immense.
Dorénavant je le vois, il est émerge au-dessus des brumes de ma méconnaissance mais je sais aussi d'emblée une chose : je ne pourrai y venir qu'en bonne compagnie, porté par une dynamique de groupe qui me donnera la sûreté (de sens), la constance et la ferveur nécessaires pour traverser cette épreuve.

J'imagine que c'est ce qui est proposé à Paray le Monial.

Quoi qu'il en soit, je  n'en suis pour le moment qu'à une modeste marche d'approche.
Modeste parce que prodigieusement lente.
J'espère que l'urgence des temps ne m'obligera pas à presser le pas.
En même temps, vu la tournure des évènements, je doute fort d'avoir longtemps le loisir de marcher à mon rythme.
Il ne me reste donc qu'à m'en remettre...
A la grâce de Dieu !


11 commentaires:

  1. C'est en souriant que je lis ce bel aveu... car en réalité je crois que tu as mis le doigt sur le point essentiel qui me fait te dire : "tu es prêt", c'est parce que justement tu as compris que tu n'étais pas capable. Il a fallu que Dieu lui même accomplisse l’œuvre du Salut, c'est fait. Notre rôle de fidèle est effectivement d'accompagner le Christ, mais en laissant se répandre notre Amour pour l'Homme-Dieu Sauveur, dans le larmes de notre compassion et dans notre communion avec sa passion. Et cet accompagnement du Christ prend tout son sens je crois uniquement dans notre désir et notre volonté de le faire, moins dans notre capacité de réussir et nos limites bien humaines, notre si grande résistance à la grâce divine et à cet Amour que Dieu cherche à déverser en nous.
    En réalité nous sommes tous prêt pour ça depuis le moment même de notre création, après la vrai question est "Dans le respect le plus total de la liberté que je t'ai donné, le veux tu? Plus que tout?"
    "Alors laisse moi te porter, car sur le chemin du Calvaire, j'ai porté toutes les âmes de la création, individuellement"
    Il y a juste à contempler le Sauveur qui accompli le Salut et laisser notre âme se remplir de l'Amour que ce don unique génère naturellement en elle, et qu'ensuite cet Amour dont la source est le Christ lui même nous dicte naturellement, paisiblement, joyeusement de suivre cette voie, pour sa gloire, pour le salut des âmes de nos frères, être avec lui co-rédempteur.
    L'âme brulée par l'Amour du Christ n'a qu'un désir, se fondre en lui, et ne concède au martyr de la vie sur Terre que le salut des âmes si précieuses du fait que le sang de l'Homme-Dieu à coulé pour chacune d'elle.
    Paix...

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    1. Moi aussi je souris en te lisant car tu me sembles la parfaite incarnation de l'alpiniste que j'évoquais dans mon blog. A l'évidence tu as l'expérience des sommets et tu en parles magnifiquement. Serait-ce audacieux de ma part de penser que tu es un mystique ?

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  2. Mon cher Lulo, je ne saurai trop quoi répondre, car ce terme renvoie à tant de choses dans ma tête que j'en ai le vertige rien que d'y penser. Mais là, ce que cela me suggère finalement, c'est que ma place en tant qu'objet de la question est tout simplement inappropriée... Ce que je suis ? en réalité, un pauvre pécheur, mais Dieu lui est Tout. Et ainsi tout vient de lui. Et si dans sa bonté et son infinie miséricorde, il a daigné manifester sa présence dans ma vie, je ne puis qu'être témoin et rendre grâce, mais cela me confirme aussi dans mon néant, que toute action entreprise en dehors de lui est vaine, si j'ai été capable de faire un pas vers lui, c'est soutenu par sa grâce. La seule chose que je m'efforce de faire, et ça me prend la plupart du temps toute mon énergie, c'est tendre ma volonté vers lui et même ça, (j'en fais régulièrement l’expérience) sans son aide je suis en échec.
    En réalité, je suis un serviteur médiocre, mais le Bon Dieu est très patient avec moi et il m'encourage en me manifestant son Amour, et ça, ça me donne beaucoup de joie. Et pour cause! comment peut on se douter que dans un cœur pas plus gros que le notre, le Bon Dieu puisse déverser son Amour ? C'est comme si quelqu'un déversait le contenu de tous les océans d'un coup dans une tasse de café sans que celle ci ne se rompe ni ne déborde ... Par contre, ça secoue... et la vie est changée pour toujours.
    L'inconvénient c'est qu'il faut néanmoins remettre les pieds sur Terre, qui après coup n'a ni gout ni saveur, mais là arrive ce besoin inexprimable de partager ça avec les autres, désir croissant que les âmes aiment Dieu et souffrance d'être prisonnier de corps qui continue souvent d'offenser Dieu...souffrance de voir si peu d'âmes le chercher, l'aimer. Pourtant il se donne volontiers, et facilement même, il faut juste le désirer par dessus tout...
    Alors je dirai pour conclure, que la question du mysticisme pour moi n'a pas lieu d'être car elle nous détourne trop vite de l'essentiel, en attirant un regard curieux sur l'homme, au lieu d'attiser notre désir de Dieu par qui tout est possible.

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  3. Merci pour ta réponse qui confirme au-delà de tout doute raisonnable que tu es bien mystique ;-). Je pense que je te comprends mais je dois pour cela solliciter au maximum mes capacités empathiques. Je perçois la vérité de ce que tu énonces et, en même temps, je mesure la distance qui te sépare du commun des mortels et, probablement aussi (j'en suis moins sûr) du commun des croyants.
    Quoi qu'il en soit, je ne doute pas une seconde que ce soit une grâce. Car je mesure l'étendue du travail que j'ai à accomplir pour m'ouvrir pleinement à cette réalité que tu évoques et que je peux seulement entrevoir en même temps que je mesure l'infinie lenteur avec laquelle j'avance dans cette direction.
    Malgré tout, je ne suis pas découragé. Je persévère. C'est encore ce que je fais de mieux ;-)

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    1. Cette réponse me perturbe un peu même si en suivant la logique de ton raisonnement j'en comprends le choix du contenu. Ce qui me perturbe en fait, m'effraie et me fait de la peine, c'est cette distance dont tu parles, car j'évalue souvent la distance qui me sépare de Dieu et celle là me fait déjà beaucoup souffrir, alors si je tiens compte de ton évaluation, tu peux donc comprendre pourquoi c'est si dur de voir des personnes si loin de Dieu. Pourtant Dieu peux bien quand il veut réduire cette distance à rien, alors il ne faut jamais désespérer.
      Par contre j'aime à croire néanmoins que nombreuses sont les âmes pieuses qui vivent cachées dans le cœur de Dieu, des "Joseph" connus de Dieu seul et qui participent avec Amour à l’œuvre du Père, oui, je crois qu'elle sont nombreuses car sinon la justice divine n'aurait-elle pas déjà accompli sa tâche?
      D'ailleurs, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes qui ont su aimer Dieu jusqu'à tout lui abandonner, et encore d'autre qui essaient sans cesse, c'est très encourageant. Et quand on voit tous ces jeunes aux JMJ... réellement, Dieu peut réduire cette distance à rien quand il veut, pour un ou pour tous, ma foi me dit que tout est possible, sa victoire est déjà acquise, les apparences sont juste une grâce que Dieu nous fait de pouvoir augmenter encore notre foi avant la célébration, de même les peines et les douleurs sont autant d'aiguillons pour nous apprendre à nous détacher de nous même pour s'attacher à lui seul.
      Alors quand nous pouvons, "soyons dans l’allégresse" :)
      La persévérance est le carburant qu'on met dans le moteur de l’Espérance pour que le véhicule de la Foi nous achemine vers le Père par la route de l'Amour :), alors oui, persévérons !!!

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  4. Je ne voudrais ni te peiner, ni te faire souffrir, d'autant moins que je pourrais être complètemenet dans l'erreur, mais franchement, quand tu écris :

    " j'évalue souvent la distance qui me sépare de Dieu et celle là me fait déjà beaucoup souffrir"

    tu semble à peine de ce monde car l'esprit du terrien peine à se figurer et ta représentation et le motif de ta souffrance.

    Si tu veux, je pense que le terrien (l'homme de peu ou de faible foi dont je suis) aurait besoin d'une "sacrée" didactique (ou pédagogie) pour approcher l'intense expérience de la foi qui semble être la tienne.

    Bref, je pense qu'ici les mots peinent à traduire le vécu pour qui n'a pas "toujours-déjà" construit le même ressenti.

    Vois-tu ce que je veux dire ? Cela fait-il sens pour toi ?

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  5. Ce que tu dis a bu sens pour moi,mais je crois aussi que les notions de distance dans le repère que nous avons choisi peuvent nous jouer des tours, question de représentation je dirai.
    Je me dis que finalement, la distance qui nous sépare de Dieu, mais aussi celle qui nous sépare des autres, c'est peu être aussi celle qu'on met, qu'on laisse ou qu'on creuse, avec nos attachements, notre ego, toutes les chaines dont on se charge...
    Quand je parle de la distance qui me sépare de Dieu, je prend conscience de mes limites, et contrairement à ce que tu penses, mon humanité me laisse toujours plus proche de mes frères que de Dieu, Car c'est bien le péché qui met de la distance entre Dieu et nous, et à cause de mes nombreuses et continuelles chutes, je me tiens souvent loin de Lui.
    Et je sens bien au quotidien que malgré les choses particulières que je vis dans ma foi, je reste un pauvre pécheur, et je n'appartiens donc aucunement à une espèce de catégorie à part, et le plus clair de mon temps, je le passe à porter le fardeau de mon humanité comme tout un chacun. Effectivement, j'ai parfois aussi ce sentiment d'une certaine intensité dans l'expérience de ma foi, mais tout le reste du temps, il ne se passe rien de particulier. Je voudrais simplement faire passer le message que rien n'est impossible à Dieu, chacun peut vivre intensément sa foi en Dieu, il faut lui demander inlassablement cette grâce.
    Tu me dis que je semble à peine de ce monde, mais je t'assure que bien (trop) nombreuses encore sont les racines de ce monde dans mon cœur et je peine tant à m'en défaire... sans l'aide de Dieu je pense que je n'aurai pas pu faire le moindre progrès et souvent encore je régresse sur certains points. J'admets qu'il faut faire violence à notre volonté, mais la prière, la parole et les sacrements sont d'un secours inimaginables dans cette entreprise.
    L'amour de Dieu nous inspire du respect pour lui, et c'est avec une sincère humilité que nous devons chacun reconnaitre notre manque de foi mais sache que ce manque que tu ressens en toi, je le ressens aussi pareillement, mais nous ne devons pas nous arrêter à ça, il faut persévérer comme tu le dis si bien.
    Tu parles de pédagogie pour augmenter la foi ? je t'assure qu'elle est toute entière décrite dans les évangiles, rien n'a été omis, il faut prier l'Esprit Saint de "souffler sur nos yeux pour qu'en tombent les écailles qui les recouvrent".
    J'ai le sentiment très clair que toute la réflexion qui t'anime depuis si longtemps est un terrain fertile, si j'osais je dirai qu'il faut aussi oser redevenir enfant : prends contact et rapproche toi d'autres chrétiens, les groupes de prières tels que le renouveau charismatique me semblent être un bon point de départ, "on n'est pas chrétien tout seul" car "lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis présent au milieu d'eux" dit Jésus.
    L'expérience chrétienne se vit et se construit dans la fraternité car "tout ce que vous ferez à l'un de ces petits qui sont les miens, c'est à moi que vous le ferez".
    Et ce chemin est le chemin sur lequel une Joie indescriptible attend celui qu'il l'emprunte pour l'amour du Christ.

    Paix et Joie - Michaël

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  6. Merci Michaël pour cet éclairage qui, certes te situe bien parmi les hommes mais quand même un peu à la marge encore nonn ? ;-)

    Quand tu écris "ce chemin est le chemin sur lequel une Joie indescriptible attend celui qu'il l'emprunte pour l'amour du Christ" tu évoques des hauteurs que le commun des mortels, l'homme de peu de foi (dont je suis), n'atteint pas, lui qiu vit dans le doute et l'incertitude à chaque pas ou presque.

    L'intensité de la joie est directement proportionnelle à l'intensité de la foi, n'est-ce pas ?

    Et je pense que tu as raison, l'appartenance à un groupe de prière doit être un puissant moyen de grandir dans la foi et donc, dans la joie.

    Pour autant, je te l'avoue, je ne me sens pas porté à une telle démarche. Car j'en vois les obstacles qui tiennent essentiellement au fait que je me sens peu ou pas orthodoxe, cad, non conventionnel, dans mes représentations et je souhaite éviter tout impact négatif.
    Autrement dit, je ne souhaite ni troubler ni ébranler qui que ce soit avec mes réflexions, c'est pourquoi je préfère échanger avec des personnes que je sais solidement engagées dans la foi comme tu l'es à l'évidence.

    Ainsi, malgré l'éloignement, grâce à internet en particulier, je ne suis pas "chrétien tout seul" :-)

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  7. Saches que je respecte pleinement ta démarche, quelle qu'elle soit. "Vivre dans le doute et l'incertitude" cela me semble très relatif, étant donné la nature et la teneur de nos échanges, je te trouve bien loin du doute et de l'incertitude dans laquelle vivent l'immense majorité des gens que je connais, voire des gens tout court :-).
    J'ajouterai qu'être "non conventionnel" n'est pas un problème en soi, Jésus lui même, n'était pas, du point de vue de certains, très conventionnel, mais l'était néanmoins beaucoup vis à vis de la Loi ancienne qu'il était venu "accomplir". Tout est finalement lié à la façon de lire "la convention".
    Personnellement je ne me sens pas attaché aux conventions, mais si je suis très conventionnel dans certaines pratiques, c'est parce qu'elles ont été passées au crible de mon entendement et dans ma liberté souveraine, tenues pour bénéfiques dans mon cheminement. Par contre je sais aussi que j'en suis arrivé là parce que le Bon Dieu a éclairé mon chemin et m'a aidé à comprendre (où plutôt n'arrête pas d'essayer de me faire comprendre) ce qui est juste et là où je dois aller. La subtilité ici consiste à observer, sentir l'action de l'Esprit-Saint dans la vie afin d'aller là où il nous pousse et j'ai peur que pour cette partie je n'ai pas vraiment les mots pour l'expliquer, même si pour moi ce que je ressens me parait clair, et c'est surtout son absence qui est très perceptible car alors l'humanité pèse de tout son poids sur l'âme et on à parfois l'impression qu'on ne va jamais s'en sortir. Heureusement que le Bon Dieu vient toujours à notre secours avant qu'on sombre!
    Bref, je suis somme toute très heureux d'avoir ces échanges avec toi, car les personnes avec qui je peux le faire tiennent sur les doigts d'une seule main, et tu es bien le seul avec qui j'ai osé pousser aussi loin mes réflexions. En effet, une âme est précieuse et fragile et il convient en tout temps de ne pas la brusquer. Mais alors, quelle merveille de voir le Bon Dieu éveiller une âme à l'Amour et quel bonheur de voir la lumière du Dieu Vivant irradier un temps soit peu un frère, une sœur de bonne volonté. Je crois qu'ici bas c'est la meilleure chose qui puisse être...
    Je vais continuer à t'inviter à te rapprocher des choses plus orthodoxes, et je pense bien que les choses se feront comme elles doivent se faire pour toi, car le Bon Dieu s'adapte aux particularités de chacun pour le conduire avec patience et Amour sur le chemin de la plénitude, dès lors qu'on est résolument décidé à le suivre.

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  8. Assurément, ce que j'exprime est basé sur des convictions premières dont je ne doute guère mais qui sont comme des piliers perdus au milieu d'un immense océan qui ne paraît pas toujours pacifique.

    Je me tiens sur ces piliers avec foi mais je mesure l'immensité de l'ignorance qui est la mienne. Je n'hésite pas à tenter des inférences comme on lancerait des ponts à partir de quelques piliers mais tout ça est tellement précaire !

    Je pense en fait que je ne suis pas assez courageux pour accepter d'entendre tout ce que me sussure mon Ange bienveillant. Heureusement qu'il est patient !

    Toute la tâche est de faire grandir la foi. Sans elle la raison est vaine, elle est "débile" au sens original. Je suis beaucoup dans la raison. Ma tâche est de venir à l'action.
    L'appartenance à un groupe peut être précieuse sous ce rapport. Je le vois bien par exemple pour le Rosaire. C'est tellement plus facile d'être porté et canalisé par le groupe. Plus besoin de lutter. La voie de l'attention est tout tracée, c'est sans effort que la présence et la ferveur gagnent en intensité.

    Mais nous sommes alors pleinement dans l'acte, dans l'action collective qui rassemble et unit exactement comme le fait le chant parce qu'on est toujours-déjà d'accord à son sujet.

    Lorsqu'on en vient à la représentation, au sens, aux interprétations et à la discussion, c'est là que se pose le problème d'une pensée non conventionnelle.

    Tu le connais puisque tu m'en parles : il est très peu de personnes avec qui on puisse parler en toute liberté, en toute franchise ET se faire comprendre.

    Il n'est pas très difficile de parler en toute franchise et toute liberté.
    Il suffit de prendre une caisse à savon, de la mettre dans un espace public, de monter dessus et de parler.
    Mais qui écoute les fous ?

    Ne vois-là aucun septicisme vis-à-vis des prêcheurs et des missionnaires du passé. Car ceux-là ne parlaient pas d'eux-mêmes. Ils étaient inspirés et s'adressaient à des personnes disposées à les entendre.

    La (ma ?) mission est d'être témoin de la vérité au milieu des hommes de notre temps. Je me dis que ce qui fait ma faiblesse (beaucoup de raison, peu de foi) est aussi ce qui peut me permettre de faire entendre (ce que j'ai retenu de) la vérité des Evangiles à un grand nombre d'égarés car étant proche d'eux, je parle leur langue.

    Autrement dit, plutôt que de me tenir dans le centre, avec les orthodoxes, je vois davantage ma place dans la marge, à la frontière, dans un effort pédagogique pour faire sortir les mondains du monde athée dans lequel la norme républicaine anti-cléricale, laïcarde, rationnaliste et franc-maçonnique voudrait tous nous enfermer.

    Mais cela ne m'empêche pas de penser par ailleurs que tu es parfaitement à ta place en m'invitant à me rapprocher des choses plus orthodoxes ;-)

    Il est sûrement mille choses importantissimes de l'orthodoxie qui me restent à entendre et à comprendre...!

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  9. J'apprécie beaucoup cette philosophie, et au final j'ai envie de dire "oui" suis ton inspiration, cette inspiration qui pousse vers les autres ne peut qu'être bonne. Mais là où j'ai envie aussi de te dire "fais attention" et je m'adresse à moi même par la même occasion : "vouloir faire" est pieux et louable, mais cela cache aussi un piège dangereux : celui d'être coupé de Dieu pour ne pas avoir dit "Fiat". "Seigneur je vais faire ça pour toi" peut être une faille suffisamment large pour que le malin y entre et y insuffle l'orgueil qui nous mènera à notre perte. Oui cela peut nous arriver si notre priorité absolue n'est pas "Seigneur je veux t'aimer plus que tout", et juste après "Seigneur je voudrais tant que les autres t'aiment, mais comment?".
    Accepter docilement d'être l'enclume et pas le forgeron : l'enclume ne sais pas comment le forgeron fabrique une belle arme, elle accepte juste de se faire taper dessus :). Mais dans la misère qui nous caractérise, tous les jours ne sommes nous pas forgeron 10, 20 fois? Voilà le combat spirituel : comment renoncer à "être" pour seulement "aimer". Sans Dieu cela est impossible.

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