Une fois admis qu'il ne saurait y avoir deux ordres de réalité indépendants, l'un objet du religieux, l'autre objet de science, une fois admis donc que nous n'avons pas à être schizophrènes et qu'il n'existe pas de preuve scientifique de l'inexistence des réalités auxquelles les croyants s'adressent alors même qu'il existe par ailleurs une multitude de faits (dont, par exemple, certains ont été recensés par Didier van Cauwelaert dans son excellent "Dictionnaire de l'Impossible") qui contrarient frontalement les postulats scientifiques les plus fondamentaux, nous nous trouvons face à une alternative assez enthousiasmante puisque quelque direction que nous prenions, l'approche scientifique ou l'approche spirituelle, nous nous approcherons d'une seule et même réalité, quelle que soit l'apparente opposition des perspectives au travers desquelles nous tentons de l'appréhender.
Autrement dit, la prétention de la Science à se tenir absolument au-dessus de la croyance est vaine car seulement relative et jamais absolue. Que nous le voulions ou non, nous sommes croyants en quelque chose. Tous les humains se trouvent donc dans un même espace (de croyances) visant une même réalité par deux voies qu'il n'y a plus à opposer et qui, au contraire, peuvent opérer en synergie dès lors que tout dogmatisme a disparu.
Ce constat nous permet de comprendre que derrière la démarche non pas scientifique (trop rare) mais scientiste (la norme) qui consiste à affirmer frauduleusement le pouvoir de l'Homme d'accéder à la réalité en toute objectivité,
en dehors de toute croyance, il y a une volonté de puissance qui vise à faire disparaître l'idée même de transcendance ou de plan divin.
En effet, la vision "humaniste" n'est (sou)tenable qu'en excluant tout ce qui vient lui faire obstacle et, en tout premier lieu, les limites inhérentes à toute démarche de connaissance, c'est-à-dire, encore une fois, le fait que celle-ci ne peut être entreprise qu'à partir d'un état de non-connaissance, d'absence de certitude, et donc, à partir de postulats qu'on se donne, auxquels on croit et qu'on s'empresse de considérer comme des vérités de toute éternité parce qu'envisager le contraire obligerait à reconnaître la vanité de l'effort pour accéder à une vérité absolue et non pas seulement relative à un état antérieur de connaissance nécessairement limité.
Un bel exemple de cette prétention nous été donné récemment par Rupert Sheldrake qui rappelait que ces fondamentaux de la science physique que sont les "constantes" cosmologiques et autres ne sont constantes que parce que nous voulons les croire telles et que nous ne disposons d'aucune preuve nous assurant de ce qu'il en va bien ainsi, de sorte qu'il nous faut inévitablement imaginer et accepter la possibilité que lesdites constantes puissent varier et dans le temps et dans l'espace.
Force donc nous est d'être modeste, mais pas avec cette fausse modestie du chercheur qui, bien que (supposément) conscient de ses limitations actuelles, s'inscrit de fait dans une perspective où le potentiel technologique et scientifique de l'Homme ne rencontre a priori aucune limite vis-à-vis d'un Univers réduit à sa seule dimension matérielle.
Comme l'a si bien dit Heidegger, l'Homme arraisonne la Nature. Selon la formule de Descartes, il se veut "maître et possesseur" de la Terre et, au-delà, de l'Univers, s'affirmant par là comme résolument oublieux de -- ou hostile à -- la possibilité du Ciel, c'est-à-dire, la possibilité d'un plan surnaturel, métaphysique, spirituel, divin, etc., vis-à-vis duquel il puisse dépendre et, de manière ultime, avoir des comptes à rendre.
C'est bien la posture cultivée par l'humanisme, la science, la révolution et la république maçonnique dans laquelle nous vivons qui, lentement mais fermement nous amène à la possibilité d'un Nouvel Ordre Mondial en détachant radicalement l'Homme de toute métaphysique, en le coupant du plan divin par un déni systématique de tout ce qui ne passe pas sous la coupe réglée de la pensée rationaliste à postulats mécanistes et naturalistes.
Reconnaître que même dans le cadre de la science nous ne pouvons échapper à la croyance -- au sens où les représentations auxquelles nous "adhérons" dépassent toutes plus ou moins largement la somme des faits sur lesquelles nous voudrions les croire intégralement basées -- a une vertu libératrice en nous permettant d'emblée de regarder par delà l'horizon du "parc humain" assez infernal dans lequel "les puissances de ce monde" s'efforcent de nous confiner.
Cesser de croire en l'idéologie scientiste nous permet d'ouvrir les yeux et de découvrir la grâce que constitue le fait de vivre dans un monde qui ne se borne pas à l'étroit périmètre de la pensée calculante.
Instantanément nous nous retrouvons partie intégrante d'une réalité vis-à-vis de laquelle tout redevient possible, pour autant que nous ayons un tout petit foi, en nous et en un monde où, loin d'être opposés, la Terre et le Ciel se trouvent à nouveau réunis.
Comme disait Jésus : "si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette
montagne: Transporte-toi d'ici là, et elle se transporterait; rien ne
vous serait impossible."
Moi j'appelle ça une bonne nouvelle :-)
Bonne Nouvelle en effet, et porteuse d'Espérance, l'Espérance du chrétien qui fortifie sa foi et la rend résistante au point où même la mort ou sa perspective devient aussi Espérance...
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