No problemo,Bon désolé j'ai mis du temps à te répondre, je suis un peu absorbé (laisser aller) par le rythme des vacances, ça fait du bien quand même.Mais je vais me remettre doucement sur les rails
Moi aussi je flotte complètement en ce moment après mon retour de métropole.
oui, oui, je suis d'accord, bien sûr.
Autrement dit, même si je te suis sans difficulté au sens où je perçois tes convictions comme très fidèles à la pensée ou, mieux, à la foi chrétienne, il est clair que cette voie royale n'est pas la mienne.
A mon humble avis, la voie royale commence déjà par la volonté de suivre cette voie, après je pense que le Bon Dieu s'adapte aux individualités, en tout bon pédagogue qu'il est il sait adapter les parcours à chacun :)
Très bonne image d'un certain point de vue mais que je crois néanmoins trompeuse.Si je viens à l'Amour, c'est par la porte étroite de la connaissance qui, parce qu'elle étroite, peut faire obstacle, retenir ou ralentir autant qu'elle offre, malgré tout, je crois, une voie d'accès.
De mon point de vue toujours la porte étroite se situe plus au niveau de l'"exercice" de cet amour au sens chrétien : en effet dire que Dieu est l'Amour revient à dire qu'en tant que créature, je ne puis "générer" de l'amour, car pour utiliser des termes physiques on est que "conducteur" (qui plus est variable, dépendant de notre connexion à la source)
Elle est très pertinente pour nous rappeler que même l'amour que nous éprouvons nous n'en sommes pas la source et que nous devons rendre grâce au Ciel de nous permettre de l'éprouver.
Elle est trompeuse car, à l'instar de la connaissance, nous ne pouvons que reproduire, donc "reconstruire" en nous cette disposition, attitude, acte, etc.
L'amour est communicatif, il est contagieux... car nous reproduisons celui que nous avons reçu (en principe).
C'est l'hypothèse girardienne vers laquelle je pointe ici : l'homme en tant que mimétique, soucieux de la norme de réciprocité, surtout quand il s'agit de la mauvaise réciprocité ;-(
J'avoue ne pas bien cerner la notion de storgê.Il me parait nécessaire de développer un peu mon propos ici car au final mon assertion est quand même très dépendante de la définition que l'on donne à ce mot.il s'agit de cette forme "détachée" (autant que possible) de l'amour : l'"agapé" grec en contraste avec l'eros, le philia et le storgê.
Je vais aller voir ça...
Merci !Vivre l'amour chrétien me semble bien le défi humain le plus difficile que je connaisse.En tout cas, c'est là où je suis engagé.
Je ne doute pas un seul instant que tu auras tes réponses, car "qui cherche trouve et à qui frappe à la porte on ouvrira"...
J'aime bien cette intrication du rationnel et de la foi.
Si tu as lu mon texte, tu vois que je suis à peu près comme St Thomas, cad, que c'est en toute rationalité que je me vois obligé de renoncer à ce que notre monde jugerait être la pure rationalité et qui n'est qu'une hypostase de la raison humaine, c'est-à-dire, une prétention de l'Homme à être, vivre et survivre dans le monde en étant seul, sans transcendance.
j'en suis moi même venu à ce constat qui me parait aussi être le plus rationnel avec aussi cette idée de Descartes il me semble que le plus logique est de croire en Dieu car s'il existe et que je me refuse à y croire je prends sciemment le risque de "tout" perdre.De plus pour ma part les expériences que j'ai vécues sont si explicites que pour le coup ce serait vraiment très irrationnel de ma part de ne pas croire...
Elle nous rappelle le caractère illégitime de la prétention rationnaliste à se situer au-desssus des croyances.
Comme si c'était possible ;-)
C'est une idée de Girard.
Mon histoire familiale m'avait déjà disposé à reconnaître la réalité du domaine céleste et si je m'en étais distancié, je ne l'avais jamais renié.
Disons que l'expérience étrange que je vis m'a obligé à la tenir pour la première réalité.
A partir de là, en étant croyant de dorénavant à désormais, je fais marcher à fond mes compétences de théoricien pour me constituer une représentation du monde et plus précisément une théorie de l'Homme dont, à la suite de René Girard (auteur remarquable dont je te recommande vivement la lecture (notamment du livre "des choses cachées depuis la fondation du monde")), je pense que le nouveau testament constitue la pierre angulaire.
Tu n'imagine pas à quel point je suis d'accord avec ta dernière phrase !!!
Disons que je suis non croyant dans l'humilité.
Le sujet est bien trop vaste là encore pour que je me risque à m'y engager utilement à présent, mais si tu veux un petit indice, je pense que ce que tu as pu apprécier à certains moments de mon positionnement professionnel est quelque chose que j'ai été amené à théoriser comme d'origine christique. En ultra-bref, le geste professionnel par excellence que je crois condition sine qua non de toute professionnalité, c'est de savoir prendre sa patate chaude plutôt que de la laisser circuler en espérant qu'elle se posera dans le jardin de quelqu'un d'autre.L'Homme spirituel l'est partout en tout temps, du moins s'efforce de l'être : une des vertus les plus importantes pour le progrès spirituel est inéluctablement l'humilité, j'utiliserai plutôt le terme de "porter sa croix" en est la manifestation la plus aboutie.
Autant je reconnais clairement l'orgueil comme satanique, autant l'humilité me paraît une notion ambigue et un tantinet périlleuse.
D'abord parce qu'il est facile de manipuler les foules en se la jouant modeste.
J'ai connu un prof. de psycho qui faisait ça excellement.
Il se la jouait top modeste et ensuite nous faisait avaler toutes les couleuvres qu'il voulait.
Si tu fais une conf. en annonçant "je pense que je ne vais rien vous apprendre", tu rassures tout le monde et tous sont prêts à te suivre plutôt que prompt à te faire obstacle (il y a une belle parole biblique ou évangélique à ce sujet, sur celui qui veut s'élever sera abaissé et inversement).
Ensuite, le problème de l'humilité que toute la société nous porte à cultiver, c'est qu'elle va bien avec le doute qui lui va bien avec l'inaction.
A un moment, il faut décider d'avoir foi en ce qu'on croit et d'agir sur cette base, aussi limitée qu'elle puisse paraître à certain d'un point de vue rationnel.
Comme tu le sais, les croyants paraissent spécialement arrogants, eux qui prétendent dire le vrai !
Oui, ça pourrait passer pour le signe d'une folie furieuse ;-)ça m'est apparu quand je travaillais pour une conférence sur la réconciliation dans un contexte girardien précisément. Il n'y a rien de plus apaisant pour un groupe que d'avoir une culture commune de la responsabilité. Et ça encore une fois c'est total christique puisque ce à quoi le Christ a consenti c'est de se tenir dans la position de l'accusé (alors qu'il était innocent). Ce que nous est demandé à nous, c'est juste de faire l'effort d'assumer notre propres erreurs ou fautes de manière à rassurer et apaiser les autres en leur faisant ainsi comprendre que nous ne sommes pas dans une dynamique accusatoire, celle de Satan, le diviseur.
En fait, si tu veux, je passe derrière Girard et j'essaie d'axiomatiser son anthropologie d'inspiration chrétienne dans le cadre de mon approche synthétique de la psychologie (que je commence à présenter sur agoravox pour me forcer à écrire pour le grand public, ce qui n'est pas évident).
Donc mes grandes questions c'est la place du sacrifice (cf. la théorie girardienne) dans son rapport à l'Amour, à la monnaie aussi, et à en fait presque tout dans ce bas monde.
Si tu veux, comme les physiciens qui poursuivent le projet d'une théorie physique de tout, je travaille à une théorie psychologique de tout qui, étant constructiviste et relativiste, ne vise pas une réalité au-delà de l'apparence.
Je te souhaite vraiment beaucoup de courage, ça doit être passionnant mais aussi certainement pénible parfois, intuitivement je dirais que ça me parait très sensé, mais je n'ai aucun mal à imaginer des gens penser le contraire...
J'avoue être moins optimiste et beaucoup plus perplexe. Mais sûr de rien de tout, ça c'est sûr.
Je m'attache surtout à rendre les choses aussi claires et nettes que possible, notamment au plan ontologique. Cad, savoir de quoi on parle quand on parle de ceci ou de cela.
De la sorte je suis souvent attristé de la vacuité de maints prêches qu'il m'est donné d'entendre. Il est trop de prêtres qui semblent n'avoir plus que les mots et qui offrent alors un rituel de plus en plus vide, de "bonne conscience" des familles. La passion, le sens et surtout l'actualité du rituel chrétien ne semblent plus qu'un souvenir lointain.
De ce point de vue, même si je te rejoins, c'est une chose qui m'est très pénible car du fait de leur position de berger, ce sont des personnes qui ont à livrer de durs combats et il est triste de se rendre compte que certains ont perdu les armes dont ils ont besoin pour être victorieux...Je dirais que les hommes d'église en général ont beaucoup besoin de la prière de leurs ouailles, mais la prière est devenue une denrée rare...Pourtant je ne formaliserai pas de l'apparente faiblesse de l'église actuelle, persuadé que cet état est appelé à évoluer positivement...
Je pense que c'est l'idéal.
Je ne leur jette pas la pierre mais ça m'interroge quand par exemple un prêtre à St Denis croit bienvenu de donner des musulmans en exemple dans son prêche. L'oecumenisme c'est sympa en apparence mais à la fin ça peut finir en perte de sens radicale.
Bon, je m'excite là et je ne suis pas très sûr que ce que je t'écris soit et clair et intéressant.
Je comprends tout à fait ce qui peut t'exaspérer dans ce genre de situation : le politiquement correct et la charité sont des choses bien différentes, je pense en toute bonne foi que pour bien aimer son prochain il n'est pas possible de faire de compromis avec la vérité, mais bon ce n'est que ma façon de voir les choses...
Mais j'avoue que si je ne pense pas faire de compromis, il m'arrive souvent de laisser courir.
Car encore faut-il avoir un interlocuteur.
Et ça aussi, ça devient chose rare.
Bien sûr, très bonne idée.Donc je vais m'arrêter et essayer de venir à une conclusion en forme de proposition : je trouverais intéressant que nous puissions convenir d'un moyen de tricoter un dialogue qui nous permette d'accéder à une compréhension mutuelle sur ce sujet tellement important pour chacun de nous.
C'est probablement moins facile qu'il pourrait sembler a priori (en raison ou en dépit du cadre de référence commun) mais ça pourrait justement être un exercice "spirituel" extrêmement intéressant pour chacun de nous comme pour ceux qui voudraient le suivre.
C'est pourquoi je te proposerais volontiers que nous tentions de réaliser cela sur un blog. Non pas dans l'idée de conquérir une audience mais plutôt de rendre accessibles et partageables des réflexions actuelles d'honnetes hommes en quête de sens.
Cette idée me vient parce que justement je me suis déjà essayé à l'exercice consistant à mettre en ligne les réflexions qui me viennent constamment au sujet de cette pratique exotique au possible pour le citoyen au cerveau lessivé par deux siècles de laïcité anticléricale. Je veux parler de la prière du Rosaire.
Ce blog je l'ai commencé avec plein d'allant mais je manque terriblement de constance. Je sens pourtant qu'il faudrait que je m'y tienne car je vis une incroyable richesse de sens dans ce qui me vient à l'esprit. Si tu veux, je théorise comme je respire et, pour le moment, j'ai la naïveté de croire que ça pourrait intéresser d'autres que moi. Tu me diras...
Nous pourrions créer un blog de toute pièce ou nous mettre à dialoguer sur celui-ci si la question de la prière te paraît aussi "axiale" qu'elle l'est pour moi.
Ton idée m'enchante, ce sera avec plaisir et pourquoi pas je vais essayer de ramener du monde si tu es d'accord
Quoi qu'il en soit, merci pour cet échange.
Si tu en es d'accord, je pense le mettre sur le blog (si j'arrive à le mettre en forme lisible).
ça ferait office d'introduction à la suite, qui apparaît ainsi ouverte que possible vu qu'on a couvert un large champ déjà.
Bon, je te dis à très bientôt, car j'entends bien tenir un rythme régulier sur le blog, au moins hebdomadaire.
Luc-Laurent